Spectacle conçu et mis en scène par Carolyn Carlson et Bartabas interprété par les danseurs du CCN de Roubaix et les écuyers de l'Académie du spectacle équestre de Versaillles.
De Bartabas, on avait en mémoire le sublime "Calacas" présenté l’an dernier au Théâtre équestre Zingaro.
On attendait donc beaucoup de sa rencontre avec Carolyn Carlson, la chorégraphe mondialement connue (et directrice du Centre Chorégraphique National de Roubaix) qui avait déjà évoqué le monde des chevaux (mais sans ceux-ci) dans "Steppe".
Tous deux chorégraphient ensemble ce "We were horses" sur une musique de Philip Glass.
Dans une configuration bi-frontale, des gradins se font face de part et d’autre de l’immense rectangle de sable gris que surplombe au centre un vaste podium circulaire de terre. Des danseurs en costumes de toile quittent un à un ce cercle comme des fuyards échappés d’une île.
Autour d’eux, les sabots s’enfoncent dans le sable, les chevaux prennent possession de l’espace.
La chorégraphie de Carolyn Carlson utilise les longs cheveux des danseurs, pareils à des crinières qui, au contact des chevaux retrouvent des sensations organiques.
Dans le cercle, Les hommes courbent l’échine sous le poids de femmes indolentes. Les corps s’attirent et se repoussent, s’abandonnent, se portent, se secourent, s’étreignent, se confrontent, se jaugent, se testent alors qu’autour d’eux trottent inlassablement les animaux en un ballet harmonieux tout de grâce et de souplesse.
Le rythme lancinant et régulier de la marche des chevaux, la danse charnelle et saccadée de Carlson et la musique répétitive et hypnotique de Glass se marient et créent un autre temps et un autre rythme. Le travail physique des danseurs absorbe peu à peu l’animalité des chevaux et construit un univers dense, impressionnant et âpre.
On pourra regretter que danseurs et chevaux ne se rencontrent pas autant qu’on l’aurait souhaité mais on ne peut qu’admirer l’esthétique de ce spectacle à la troublante beauté d’un rêve étrange et envoûtant. |