Texte, mise en scène et jeu Zohar Wexler.
En Bessarabie, en avril 1903 un terrible pogrom se déroule à Kichinev. Plusieurs centaines de Juifs sont blessés et une cinquantaine massacrés par une partie de la population qui se sent exploitée par les Juifs. La police russe laisse faire et n'intervient qu'après trois jours d'émeutes. La communauté internationale s'émeut, ce massacre sera relaté par toute la presse occidentale.
Haïm Nahman Bialik est envoyé sur les lieux du pogrom par la Commission historique de la communauté juive d’Odessa, pour y interviewer des survivants afin de publier un rapport sur le déroulement des événements. Il en revient avec un de ses plus fameux poèmes, "Dans la ville du massacre".
Zohar Wexler, plus de cent ans plus tard, entreprend un voyage d'Israël à Chișinău, capitale de la Moldavie, anciennement Kichinev, pour retrouver les traces de ses grands-parents, originaires de cette ville et qui ont fui en Israël suite à ce massacre.
L'acteur présente la préparation de son voyage aux spectateurs en projetant sur le mur des cartes et photos du début du 20ème siècle des Juifs de Kichinev. Il cherche à comprendre, va se confronter aux témoignages de l'horreur. Zohar Wexler, qui se présente comme un homme dont la vie est régie par de nombreux rituels va donc se poser la question de son identité lorsque, plongé dans le chaos et dans l'horreur, il n'y a plus rien auquel se rattacher.
Les vidéos de Marie-Elise Beyne projetées sur les toiles tendues imaginées par Vincent Tordjman plongent le spectateur au sein de cette communauté juive russe du début du 20ème siècle ou dans les rues actuelles de Chișinău à la recherche des lieux décrits dans les récits des survivants.
Les lumières de Christian Pinaud et Paul Baureilles enveloppent Zohar Wexler d'un halo crépusculaire, ou le plongent dans la semi-obscurité des caves où ont été perpétrés meurtres et viols.
La première partie du spectacle ouvre à une quête universelle, celle de l'origine. Zohar Wexler explique sa visite au cimetière de la ville, la recherche de la cour qu'il a vue sur des photographies chez ses grands-parents. Il va aussi émouvoir par la description des massacres, et pousser le spectateur à la révolte devant l’imbécillité d'un déferlement de violence aveugle.
Dans la seconde partie, Zohar Wexler dit le poème de Haïm Nahman Bialik qui, long de plusieurs pages, et pétri de référence religieuses est beaucoup plus difficile à aborder et, malgré la présence forte du récitant, se révèle abscons pour qui n'est pas familier de la culture juive et de la connaissance du Talmud. |