Texte d'Hélène Bessette dit par Béatrice Venet et Grégoire Strecker.
La salle est utilisée dans la largeur. Les bancs sur lesquels s'assied le public sont éclairés par deux rangées de lampes.
La comédienne, Béatrice Vénet, doit faire face à ce public en pleine lumière, affronter les regards qui ne sont pas plongés dans le noir, s'arranger des mouvements de spectateurs pas forcément à l'aise de ne pas rester dans l'obscurité pour assister plus confortablement à une mise en scène moins originale.
La femme qui fait face au public, la petite trentaine, raconte sa rencontre d'un soir avec un homme, un playboy vieillissant de station balnéaire un peu morte. Se laissera-t-elle séduire bien que ce type ne l'attire pas vraiment ? A moins qu'elle n'en tombe amoureuse pour cyniquement tromper sa solitude, son ennui au quotidien, mais aussi se tromper elle-même. Ou peut-être cherche-t-elle seulement le séduire à son tour juste pour vérifier qu'elle peut encore être attirante.
Le texte d'Hélène Bessette est rapide, cru parfois, violent dans sa description du quotidien blafard de la célibataire dont la vie n'est chaque jour que le recommencement terne du quotidien de la veille. Les questions s'accumulent, mais le passage à l'acte ne vient pas. Les possibilités existent, mais aucune ne prend corps.
La soirée continue dans les verres d'alcool qui prolongent tristement la nuit. On pense à l'univers cinématographique de Catherine Breillat, et plus encore aux chansons de Pascal Bouaziz avec le groupe Mendelson.
La mise en scène de Grégoire Stecker oblige le spectateur à rentrer de manière frontale dans cette solitude, à se l'approprier, à la sentir se coller à même la peau comme une mauvaise sueur tiède et acide.
Béatrice Venet, porte le texte à bout de bras. Enlaidie par de larges verres, accoutrée d'une blouse à carreaux mal assortie à ses chaussures rouges, elle livre une performance éblouissante. Peut-être d'ailleurs a-t-elle trop de charme et fait-elle montre d'une personnalité trop forte pour son personnage. Mais quelle importance puisqu'elle sublime le texte puissant mais cependant aride d'Hélène Bessette. |