Réalisé par Fédéric Cerulli. France. Drame. 1h35 (Sortie 26 juin 2013). Avec Patrick Grieco, Bénédicte Bourel, Hélène Mallet, Sophie Desvergnes et Amandine Anelli.
On avait découvert Frédéric Cerulli avec un film peu aimable, qui savait ce qu'il voulait et le montrait sans concession, "Le Thanato".
Avec "Inavouables", on le retrouve dans les mêmes dispositions : celle d'un franc-tireur qui fait un cinéma qui n'arrondit pas ses angles et ne cherche pas son confort dans une narration qui suit un scénario fluide.
Ici, tout est heurté, incertain, contradictoire. De retour après cinq ans d'absence, Virgile retrouve ses amis rassemblés dans une villa méditerranéenne. Qu'a-t-il fui? Qu'a-t-il fait ?
La joie des retrouvailles réveille les passions, les rancoeurs, les non-dits. Par petites touches, on découvrira que Virgile était le leader d'un groupe dont les filles présentes dans la villa étaient les musiciennes.
Quasi huis-clos, "Inavouables" est lourd de secrets vrais ou faux. On y boit beaucoup, on y consomme des substances peu favorables à la mémoire, on y trafique des sentiments.
Introspection d'une bande de quadragénaires artistes et provinciaux, "Inavouables" ne donne jamais ses secrets de fabrique : est-ce que ce soir, dans la nuit provençale, entre aboiements de chien et jeux d'ados, on improvise ou est-ce qu'on suit un scénario rigoureux ?
Ce qui semble important, c'est l'ambiance, entre nostalgie d'une jeunesse éternelle qui ne l'est désormais plus et peur de l'après. Ce qui a été un groupe soudé, une fratrie d'amis à la vie à la mort, est en train de craqueler sous le poids des vies qui patinent. Est-on en train de rater sa vie, de passer à côté ? À quoi ça sert d'être ensembles si on n'est plus qu'une addition de solitudes qu'aucune addiction ou aucun fantasme ne peut plus cacher ou subvertir ?
Alors, il y aura un drame - réel ou surréel - our qu'enfin les choses prennent une forme définitive...
Avec ses lacunes et ses moments forts, "Inavouables" de Frédéric Cerulli est un film qui a l'avantage de cliver. On sera sensible à son chaos ou on ne comprendra pas la raison de tous ses bruits et de tous ses cris.
Ce qui devrait faire l'unanimité, c'est la prestation de Patrick Grieco, par ailleurs auteur de la musique du film et interprète inspiré des chansons qui le traversent. Grieco, avec son physique entre John Belushi et Rainer Werner Fassbinder, a quelque chose d'un Louis-Do de Lencquesaing qui serait sympathique. Écoutez-le chuchoter son malheur. Il porte le film de Fred Cerulli sur ses épaules timides et l'emporte vers un mystère qui, sans lui, n'existerait pas. |