Montage de scènes de August Strindberg, Henrik Ibsen et Tennessee Williams mis en scène par Gérard Desarthe, avec Harrison Arevalo, Éléonore Arnaud, Najda Bourgeois, Marta Chyczewska, Pauline Clément, Pauline Deshons, Étienne Durot, Zita Hanro, Guillaume Pottier, Loïc Renard, Marie Sergeant, Frédéric Siuen et Alizée Soudet.

Gérard Desarthe dirige ses élèves des trois promotions en cours du CNSAD confondues dans deux propositions différentes élaborées pour les Journées de juin 2013 du Conservatoire.

Elles sont constituées par un montage de textes de quatre dramaturges, hommes du 19ème siècle devenus les figures tutélaires du théâtre moderne européen (Henrik Ibsen, August Strindberg, Arthur Schnitzler et Luigi Pirandello) et d'un écrivain du Nouveau Monde figure de proue du théâtre américain, Tennessee Williams.

Sous le titre "La doublure de la robe", faisant référence à la définition que August Strindeberg donnait de la haine, il a réuni les scènes des pièces majeures des auteurs du théâtre venu du froid, Henrik Ibsen et August Strindberg, et une scène du premier opus théâtral de Tennessee Williams, qui donne l'occasion d'apprécier un travail remarquable de qualité quant à la direction d'acteur et à la prestation des officiants.

Le rideau se lève sur un décor de salon impersonnel, dans lequel se déroulera tout le spectacle, et une scène de fin de soirée dont les participants masqués, figés dans une posture assoupie ou de danse automatique, sont "réveillés" par un homme de ménage. Manière originale de signifier les trois coups, tradition quasiment abandonnée aujourd'hui, et entrée en matière pour "Mademoiselle Julie" de August Strindberg qui commence par une nuit d'été à la veille de la fête de la Saint-Jean.

L'affrontement entre Mademoiselle Julie et le valet qui mêle lutte de classes et lutte de pouvoir donne lieu à une interprétation très Actor's Studio et dans le rôle du valet, Harrison Arévalo n'est pas sans évoquer la féroce violence animale et érotique de Marlon Brando dans "Un tramway nommé désir".

Harrison Arévalo qui se distingue également dans son interprétation de "Peer Gynt" de Henrik Ibsen dans la scène de l'oignon qui clôturera la soirée.

Autre duel dans lequel excelle Strindberg, et pour lequel la mise à mort est précédée d'une lente agonie en raison du fonctionnement sado-masochiste réversible des protagonistes, celui du couple de "La Danse de mort" qui révèle le beau potentiel de Alyzée Soudet, élève de 1ère année dont la voix de femme et de tragédienne contraste avec un physique délicat et dont tant le timbre de la voix que le jeu suscite des réminiscences avec ceux de Suzanne Flon.

Dans "Créanciers", Loïc Renard, élève de la promotion sortante déjà remarqué, et Eléonore Arnaud, s'avèrent convaincants dans cette guerre des sexes au sein du huis clos conjugal qui s'arcboute, en l'occurrence, sur un rapport de domination exercé par une femme mante religieuse.

Pour le théâtre de Henrik Ibsen, le choix de Gérard Desarthe s'est porté sur des scènes de révélation, révélation des personnages mais aussi des jeunes comédiens. Ainsi, dans "La maison de poupée", Zita Hanrot est excellente dans le rôle de Nora à laquelle elle apporte la pétillance et la fraîcheur de la jeune femme avant la chute.

Pour "Solness le constructeur", si Guillaume Pottier, élève prometteur de 1ère année manque encore de puissance pour incarner le rôle titre, Marta Chyczewska, élève-stagiaire polonaise, est parfaite dans le rôle de la jeune Hilde, émanation du passé et incarnation de la vie.

Enfin, mention spéciale à Etienne Durot, en séducteur bad boy, et Pauline Clément, irrésistible en handicapée stoïque et pleine d'humour distancié dans "La Ménagerie de verre" de Tennessee Williams.