Comédie de Vincent Clergironnet interprétée par Dominique Posca et Vincent Clergironnet.

Après les succès de "Demain il fera jour !" et "Maintenant" dans le Off d'Avignon, on attendait avec impatience le nouveau spectacle de Vincent Clergironnet.

Pour "Madame K", il n'est plus seul en scène mais partage le plateau avec une comédienne et deux machinistes. Et une nouvelle fois, la réussite est au rendez-vous.

Madame K c'est le diminutif de Madame Kaperdetou, une femme dont la vie est faite de rituels rassurants qui lui permettent de traverser ses journées comme on affronte des catastrophes, dans l'angoisse permanente de tout. Cette journée pourtant, celle qu'elle va vivre sous nos yeux, sera particulière et lui fera faire un bon de géant.

Il faut tout d'abord rendre hommage à Vincent Clergironnet pour avoir osé un tel spectacle : une machinerie impressionnante (de Valentin Monnin) : une scène tournante, des dizaines d'objets dans les cintres et deux accessoiristes pour les faire descendre au moment précis où ils entrent en jeu.

Le résultat est impressionnant : du grand, du beau théâtre comme on l'aime : audacieux, poétique, flamboyant. Il faut dire que d'audace il n'en manque pas, Vincent.

C'est la confiance que lui ont donné les spectateurs ravis des deux précédents opus. Un succès jamais démenti depuis son explosion il y a quelques années. Et à les voir l'arrêter pour le remercier lors de ces promenades désormais mythiques sur son Cyclopiano dans les rues de la cité des Papes en fin de journée (moment toujours aussi magique), on comprend que son travail touche au cœur.

Et son camarade de toujours, Cédric Le Guillerm, juché sur l'arrière du véhicule et régalant les rues de ses improvisations magiques, est lui aussi à l'origine de ces succès. Ce sont ses musiques, portées par un souffle merveilleux qui donnent la couleur aux spectacles de la compagnie. Un sublime arc-en-ciel de nuances, tout en douceur et en intériorité.

Mais revenons au spectacle. Madame K, composée avec une très belle présence par Dominique Posca (irrésistible), va, à partir de ses rencontres quotidiennes, prendre conscience de sa part instinctive et reprendre peu à peu le contrôle de sa vie.

Attentifs des deux côtés de la scène, tels des anges bienveillants et invisibles, les deux machinistes, Julie Pierquet et Thomas Brouchier semblent encourager Madame K dans son voyage intérieur.

Quant à Vincent Clergironnet, fidèle à son habitude, il endosse les costumes de multiples personnages. Postiches, accessoires et maquillage avec une précision de tous les instants le transforment en une foule de figures cocasses ou intrigantes.

Pour ressentir la magie d'Avignon dans ce qu'elle a de plus pure, découvrir une vraie création dans tous les sens du terme et voir une salle heureuse, Il faut aller voir Madame K. Et vivre cette belle aventure que le public, aux anges, plébiscite debout. C'est amplement mérité.