Réalisé par Marco Risi. Italie. Policier. 1h35. (Sortie 7 août 2013).
Avec Luca Argentero, Eva Herzigova, Claudio Amendola et Pippo Delbono.
Décidément, l'été pour les cinéphiles sera italien : après "Magnifica Presenza" et avant "Chaque jour que Dieu fait" et "Miele", voilà encore une bonne surprise transalpine.
"Cha Cha Cha" de Marco Risi, avec son titre qui balance nonchalamment, renoue avec la tradition du polar avec privé, femme fatale, affairiste véreux et intrigue aux méandres compliqués.
S'il prend autant de coups que ces ancêtres en imperméable mastic, Corso, le privé ancien flic chassé d'une police aux mains pas très propres, se sert des sentiments et des technologies d'aujourd'hui. Il est ici face à la détresse d'une mère, une de ces anciennes maîtresses, et s'en veut de ne pas avoir sauvé son grand fils qu'elle lui avait demandé de protéger des tentations modernes.
Il faudra bien entendu s'accrocher pour suivre et comprendre toute l'histoire que va résoudre Corso, mais Marco Risi prend visiblement du plaisir à retrouver les ambiances du "film noir" et à leur trouver des correspondances actuelles.
Situé dans des milieux huppés, plus dans la lumière que dans l'ombre, "Cha Cha Cha" cherche moins à décrire une atmosphère qu'à trouver un rythme, voire un pas de danse, propice à de beaux mouvements, à d'élégants déhanchements latinos.
On sera content de se laisser guider par un réalisateur qui croit à son récit, même s'il est limite crédible et compréhensible, et qui s'appuie sur des acteurs absolument pas blasés.
C'est le cas d'Eva Herzigova qu'on retrouve ici dans la fragilité de la quarantaine, peut-être moins froidement photogénique qu'aux temps de ses couvertures de magazine, mais plus émouvante et, surtout, se révélant enfin totalement actrice et bonne actrice.
C'est aussi le cas de Luca Argentero, beau gosse italien comme on croyait qu'il n'y en avait plus, et qui lui aussi sait abandonner son côté image de mode. On lui prédit, sans crainte de se tromper, une carrière ascendante, peut-être même internationale.
Et, cerise sur le gâteau au mascarpone, les amateurs de théâtre retrouveront une vieille connaissance, souvent vue au Rond-Point, le grand Pippo Delbono, qui incarne, avec la conviction qu'on lui connaît, un homme d'influence, cristallisant sur lui tous les démons de l'ère Berlusconi finissante. Il est ici un vrai grand "méchant", quelque part entre le Sydney Greenstreet des films de la Warner et l'Orson Welles cachetonnant dans des films B.
Décidément, "Cha Cha Cha" de Marco Risi a beaucoup d'atouts dans son jeu biseauté et, d'abord, on ne le répètera jamais assez, celui d'être un vrai film policier, chose beaucoup plus rare qu'il n'y paraît à l'heure où le polar navigue plutôt dans les eaux des romans fleuves et des séries télés interminables.
Un retour au cinéma réussi et donc... à ne pas manquer ! |