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puce Le papier peint jaune
Ateliers Berthier  (Paris)  septembre 2013

Comédie dramatique d'après les écrits de Charlotte Perkins, mise en scène Katie Mitchell, avec Iris Becher, Judith Engel, Cathlen Gawlich, Ursina Lardi,Tilman Strauß, Luise Wolfram et Andreas Hartmann et Stefan Kessissoglou.

Vidéo + Théâtre. Voilà désormais un couple qui ne se cache plus et qui célèbre souvent ses épousailles sur scène.

C'est une nouvelle fois le cas dans "Le papier peint jaune", et ce mariage est ici célébré en grande pompe médiatique à l'aide d'un dispositif qui ambitionne la fusion alchimique des deux formes.

Ce qui est projeté sur un écran qui occupe le haut de la scène est "tourné* en direct dans la partie basse de la scène, véritable *studio* latéral qui mérite d'être décrit avec précision.

De la gauche de la scène à la droite se succèdent une pièce vitrée dans laquelle une bruiteuse illustre les bruits correspondant aux images de l'écran, une première chambre où se déroule l'action et où seront enregistrés les *champs* du film projeté séparée de la seconde, pratiquement identique, où seront enregistrés ses *contrechamps* par une niche dans laquelle une femme derrière un micro dit le texte off qui correspondra aux sous-titres/sur-titres en allemand sur lesquels s'écoulent les pensées d'Anna, l'héroïne confrontée à ce papier peint jaune où elle distingue, ou croit distinguer, une femme emprisonnée.

Plus simple à voir qu'à décrire, ce dispositif est constamment en mouvement, un mouvement matérialisé par un *commando* de filmeurs, caméras au poing pour suivre au plus près les affres de cette femme en train de basculer dans la folie.

Katie Mitchell a adapté une courte nouvelle écrite en 1890 par l'écrivaine anglaise Charlotte Perkins Gilman et l'a transportée dans le Berlin d'aujourd'hui, d'où son titre allemand, "Die Gelbe Tapete". Il s'agit d'un texte féministe et fantastique qui décrit ce qui se passe chez une femme qui vient d'accoucher, dans ce vide d'après la naissance, qui la guide vers un ailleurs autant traumatique que métaphysique.

Sur l'écran, on découvre en permanence des gros plans du visage de Judith Engel entre effroi et effarement. Sur la scène, on la voit allongée sur son lit en pleine contemplation de ce papier peint où prend forme une femme dont elle ne peut se délivrer, au grand dam de son entourage, et avec laquelle elle va désormais communiquer pour tenter de la libérer de son sortilège.

Suspense fantastique aux allures de ces films d'horreur où les personnages sont confrontés à une maison étrange, vivante, démoniaque, "Le papier peint jaune" se réfère surtout aux films de Roman Polanski, quelque part entre "Répulsion^ et ^Le Locataire^, avec une ambiance oppressante qui pourra rappeler aussi "Rosemary's Baby".

Évidemment, le spectateur est constamment soumis à un dilemme : que regarder ? Que croire ?

Faut-il regarder le film en train de se faire, avec ses trucages, ses astuces, ses effets spéciaux ou lever la tête pour en voir le résultat, fixer l'écran où se déroule l'histoire pour la suivre au plus près, pour en mieux saisir l'intrigue  ?

Parfois, le doute s'insinue : n'est-on pas, comme Anna, victime d'une illusion  ? Ce qui se tourne est-il vraiment ce qu'on voit au même moment sur l'écran ? Ce dispositif compliqué, avec tous ces gens en noir qui s'activent avec leurs caméras ou leurs appareils d'enregistrement, n'est-il pas un leurre pareil aux visions d'Anna ?

Alors, on se surprend à bien regarder ce qui est tourné et ce qui est retranscrit, à en chercher un infime écart qui révèlerait la supercherie... Le papier peint déchiré par Anna sur l'écran a-t-il bien la forme exacte de celui en lambeaux dans la chambre où elle s'ébat ? Peut-on tourner "live" sans qu'il n'y ait jamais sur l'écran d'imperfections, de ratages qui authentifieraient le filmage en temps réel ?

Et l'on est ramené à l'essence de ce couple maudit "vidéo + théâtre". Est-ce une coquille creuse cachant une platitude formelle sans fond ou, au contraire, un dispositif ludique, propice à de subtiles mises en abyme, voire à de belles mystifications ?

Quoi qu'on pense du spectacle, il faut admettre que la grammaire de ce qui est filmé est forcément primaire, puisque forcément sans ces ellipses que le montage permet au cinéma, et même à la télé. Dans "Le papier peint jaune", la caméra, même si elle taquine l'indicible, n'est qu'une caméra de surveillance à la recherche d'un fantôme, quelque chose de trivial et bien loin de l'art...

Katia Mitchell sait sans doute tout cela et sait s'en servir pour faire fonctionner une machine qui fonctionne très bien au point d'abolir peu à peu toutes les questions qu'on osait se poser au profit d'un plaisir immédiat vraiment spectaculaire.

On pourra donc adhérer sans réserve à ce "Papier peint jaune" où l'on n'oubliera pas le visage angoissé de Judith Engel. On pourra aussi passer à côté en rêvant de ce qu'aurait pu donner le simple traitement théâtral d'un sujet fort où tout aurait été suggéré, évoqué, sans avoir besoin d'être montré ou souligné par un écran pléonasme..

 

Philippe Person         
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