Réalisé par Valeria Golino. France/Italie. Drame. 1h36 (Sortie 25 septembre 2013). Avec Jasmine Trinca, Carlo Cecchi, Libero de Rienzo et Vinicio Marchioni.
Pour son premier long-métrage, la belle actrice italienne Valeria Golino n'a pas choisi la facilité. Elle traite, en effet, d'un sujet qui n'est a priori pas attirant : l'euthanasie.
Elle ajoute à la difficulté en imaginant une organisation mystérieuse qui vient en aide à ceux qui sont en fin de vie et qui le fait pour de l'argent.
Dans "Miele", on va donc suivre "cliniquement" Irène, membre du groupe, dans ses opérations "suicide". De ses voyages au Mexique où elle se procure un médicament pour chiens interdit ailleurs, un barbiturique puissant chargé d'abréger leurs souffrances, au protocole suivi avec ses "clients" pour leur administrer ce viatique terrible et en supprimer les traces, Valeria Golino filme implacablement la vie morbide de cet ange de la mort.
Implacablement et froidement, de manière presque documentaire, avec pour seule plongée dans l'humain le regard des condamnés volontaires et de leurs familles sur Irène avec ses gestes et ses mots calculés, toujours répétés, sa compassion commerciale, son apparent détachement.
Irène, qui a pour nom de code "Miele", prétend vivre normalement dans une maison au bord de la mer près de Rome, visite son père, use de son amant. Mais si la beauté de la mer l'apaise, on sent que son "travail" a quelque chose d'addictif, que, peu à peu, elle perd pied, qu'elle ne trouve plus de justification à son pouvoir de démiurge.
"Miele" de Valeria Golino est un beau film classique qui tient à ce que sa pensée avance au gré de son scénario. C'est ainsi qu'Irène va être confronté à Monsieur Grimaldi, un "Romain à l'ancienne", presque un stoïcien, qui cherche à mourir non pour éviter la souffrance mais pour s'épargner le dégoût de la vieillesse.
S'ensuit entre eux une histoire qui fait bifurquer le sens de la vie de Miele-Irène, la plonge et le spectateur avec dans un désarroi métaphysique, promesse peut-être d'une échappée vers autre chose. Certains y verront sans doute revenir cet amour du prochain qui semblait s'être égaré dans cette Italie visiblement post-chrétienne...
Au fond, "Miele" de Valeria Golino est un suspense haletant où l'on se demande si cette jeune femme, incarnée dans son âme et ses tripes par l'incroyable Jasmine Trinca, va découvrir le grand secret qu'elle cherche dans la mort donnée aux autres.
Valeria Golino réussit son premier film. On espère qu'elle récidivera parce que son regard lucide et bienveillant sur le monde fait du bien. |