Surfant sur la pointe de la vague sur laquelle on les a déposées, les trois sœurs qui composent Haim arrivent enfin sur nos rivages avec un premier album intitulé Days Are Gone.
Avec leurs longues chevelures dénuées de tout artifice et tablant sur un look gentillet, (type hipster) avec pull à grosses mailles et jupes – raisonnablement – courtes qui rappellent (hélas) Lana Del Rey, les musiciennes ont bénéficié d’un battage médiatique au moins aussi conséquent. Mais la comparaison s’arrête là, puisque Alana, Este et Danielle agissent sous une étoile bien plus rock et bohême.
Issues d’une famille de musiciens amateurs de Los Angeles, dès leurs jeunes années, elles furent très vite mises à contribution pour jouer avec leurs parents. Entre 2004 et 2010, elles accèdent peu à peu à une certaine reconnaissance dans la profession tout en suivant leurs propres projets personnels et croiseront, entres autres, les pas de Julian Casablanca et de Cee-Lo Green.
Au début de l’année 2012, elles signent chez Roc Nation et sortent un EP intitulé Forever, qui remportera un franc succès et introduira le groupe au grand public avec le single éponyme. Fort d’un style mêlant rock, pop et R’n’B, leur son, que certains avaient comparé très spontanément à Fleetwood Mac, prend plutôt la forme d’un fourre-tout sonique, dont on pensait que seul Dev Hynes avait le secret.
Empruntant des effets aux girls bands des années 70, mais aussi aux paillettes de Michael Jackson et aux boucles r’n’b des années 90 et début 2000, le "son" Haim n’hésite pas à malmener les clichés des genres musicaux définis et rappellent en cela The Neighbourhood.
Déjà, avec les titres "Falling", "Don’t Save Me" et "Forever", elles s’assuraient des oreilles attentives à travers le globe. Et c’est tout naturellement que l’album Days Are Gone reprend les lignes de basses accrocheuses que l’on connaît déjà, ou bien les batteries rythmées et engageantes que l’on retrouvait, par exemple, sur l’énergique "Better Off".
Pour autant, Days Are Gone est loin d’être un opus au matériel pauvre et à plusieurs reprises, celui-ci surprendra l’oreille du premier auditeur venu, fort d’une diversité que peu d’albums arrivent à aligner avec aussi de facilité. Ainsi "The Wire", qui avait fait surface quelques temps avant la sortie de l’album sur le net, s’élance sur des tonalités résolument pop rock et invoqueront à l’esprit "The Chains" des Fleetwood ou encore tout un imaginaire de musique be-bop, faisant la part belle aux clappements des mains et aux claquements des doigts.
La chanson éponyme "Days Are Gone" utilise quant à elle des notes de synthés qui marquent celle-ci aléatoirement d’un esprit entraînant et nostalgique (fans des années 80…).
La comparaison avec Dev Hynes ne venant pas de nulle part, nous pouvons doubler celle-ci avec un clin d’œil à Timbaland. Le titre "My Song 5" avec son bourbier de basses épaisses et collantes, ses rifts et ses harmonies vocales types R’n’B font sérieusement échos avec les productions de l’homme, période Aaliyah – Justin Timberlake (son zénith entre 1996 et 2004, avant qu’il décide de produire tout et n’importe qui / quoi !).
On parle donc d’une véritable pluralité musicale, qui se permet de puiser son inspiration dans tout un substrat audio avec lesquelles les filles ont grandi. Par exemple, les trois sœurs sont fières de citer les Destiny’s Child ou encore les TLC (oui on y retrouve cette dynamique de 3 filles) comme influence et c’est donc tout logiquement qu’on y entend une énergie propre à donner l’envie de se propulser sur ses pieds et singer une chorégraphie tirée d’un clip de hip-hop !
Jonglant entre leurs constructions pop intelligemment parsemées de folk (ou l’inverse) et donc des influences précédemment citées, le trio s’est inventé une atmosphère originale et additive qui fait de ce premier album un objet réussi et pleins de promesses pour le futur des trois chanteuses.
Haim passera aussi le 30 novembre prochain à la Gaîté Lyrique, une occasion de découvrir en live l’alchimie musicale dont elles ont le secret.