Naître Québécois n'a jamais été un énorme avantage si ce n'est d'avoir un accent rigolo ou des traductions littérales des titres de films américains (par exemple, Slumdog Millionaire s'intitulait "Le pouilleux millionnaire").
Cette introduction ne va nulle part, puisque nous sommes à Lille et, bien que l'on ait quand même un accent amusant, The Black Angels ne s'appellent pas officiellement "Les Anges Noirs". Par contre, Elephant Stone vient de Montréal (ville située dans la province du Québec donc), et qu'importe les frontières linguistiques "Les Pierres Elephant" (sérieusement...) ont un nom aussi intéressant que la musique qu'ils proposent.
Comme beaucoup de groupes issus de la scène néo / shoegaze / psyché / indie / alternative, bref de la musique à ranger dans plus de cases que n'en contient la bibliothèque nationale (qui peut aussi tenir dans le bac à soldes de la Fnac), "Les Pierres Elephantales" n'ont aucun intérêt, car ils se contentent juste de faire "pareil que". Si bien que pendant 45 minutes tout cela rappelle le fait de rappeler qu'il y a eu bien mieux avant.
Ainsi une liste d'influences plus longue que le bras se fait ressentir : on passe des Spacemen 3 à My Bloody Valentine, en passant par les Horrors ou encore Syd Barrett (mais juste pour la chemise à fleurs) pour, au final, donner l'envie d'avoir envie d'écouter des gens écouter le dernier Placebo !
"Les Éléphants défoncés" quittent enfin la scène et après une courte entracte les lumières s’éteignent.
Des visuels psychédéliques sont diffusés sur les écrans géants, et même si cela ressemble une fois sur trois à un fond d'écran de Windows 95, les jeux de lumières sont très réussis.
Le groupe ne monte pas directement sur scène et diffuse d'abord "One of these days" de Pink Floyd en intégralité. Tentative étrange d'imposer du Flamant Rose à des flamands trop zen.
Ceci étant fait, le groupe débute avec leur morceau le plus floydien qui est par ailleurs leur plus abouti, l'excellent "Mission District" qui fut admirable.
Malheureusement, ce fut à peu près tout, le groupe semble fatigué et en pilotage automatique. Christian Bland est en retrait par rapport au nouveau guitariste (remplaçant de Nate Ryan) qui ne sert pas à grand chose et manque cruellement d'inventivité. Alex Maas l'est complètement, et désintéressé par ses propos. Seront alors bêtement bâclées les perles du premier album Passover : "Young Men Dead", "Black Grease" ou encore "Bloodhounds On My Trails" avec le fameux 1, 2, 3 prononcé sans conviction.
La set list est essentiellement composée de morceau de l'inégal dernier album (Indigo Meadow, "Don't Play With Guns"), même les "tubes" de Phosphene Dream sont expédié ("Telephone", "Entrance Song", "Bad Vibrations"). Les échanges tribaux entre la batteuse (toujours excellente d'ailleurs) et le bassiste ont disparu, dans cette optique un titre aussi génial que "Science Killer" fut négligé, ce qui est impardonnable.
Le rappel fut interminable, le groupe quitte les planches en soufflant et revient en simulant la bonne entente, comme s'ils s'étaient fait remonter les bretelles par le manager. Alex Maas retrouve un peu sa fougue et sa voix aussi singulière quelque part entre Neil Young et Jim Morrison.
Mais cela fut éphémère. Le concert s’achève sur "Black isn't Black", qui manquait cruellement d'une deuxième guitare (pendant ce temps le nouveau faisait semblant de jouer du tambourin).
L’atmosphère sur scène fut particulièrement tendue pendant les 75 minutes du set, ce qui fut certainement à l'origine de son ratage total. Malheureusement, il semblerait que cela soit souvent le cas actuellement. Au vu du niveau discographique largement en baisse depuis deux albums, les Black Angels semblent avoir perdu leurs âmes, et paraissent surtout disloqués.
Encore faudrait-il régler tout ça ailleurs que devant un public qui a diminué de moitié depuis leur dernier passage il n'y a que deux ans. Car non, Les Anges Noirs de la télé réalité, ça n’intéresse personne. Vraiment pas.
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