Tragi-comédie écrite et mise en scène par Fabio Marra, interprétée par Sonia Palau et Fabio Marra.
Quand on évoque la commedia dell’arte, cette auberge italienne aussi bien achalandée que sa voisine espagnole, on a tout de suite en tête une sarabande colorée de masques, un défilé de pantins difformes, une ribambelle de personnages grotesques et dans les oreilles des bruits désagréables et des voix criardes déversant des tombereaux d’injures et d’idioties.
C’est le temps des rires gras et des grosses farces, le temps du divertissement où les morts se relèvent pour recevoir des coups de bâtons…
Déjà Goldoni était passé par là pour lui rendre raison dans la belle cité de Venise. Aujourd’hui, c’est au tour de Fabio Marra de s’emparer de cette forme multiforme pour la tirer hors du rire pour le rire et de la satire pour la satire.
Si "Teresina" semble reprendre des personnages masqués connus de la commedia dell’arte comme Pulcinella, il s’agit, non pas de se moquer de ce Napolitain hâbleur et lâche, mais de s’en servir pour conter une histoire simple, délicate, empreinte d’une douce mélancolie très étrangère au genre susnommé.
On est ici quelque part dans ce qu’on appelait, il y a encore peu, "la comédie italienne", cette comédie qui triompha au cinéma avec les Risi, les Scola, les Monicelli et qui a pour marque de fabrique de savoir passer en un instant du rire aux larmes et de faire sans cesse l’aller-retour de l’un aux autres, sans rien d’artificiel.
Avec quelques masques, beaucoup d’astuces, un théâtre de marionnettes, un bébé dans son berceau, "Teresina" sait éviter le mélodrame et faire d’une histoire d’amour ratée un grand moment d’humanité.
Fabio Marra et sa partenaire Sonia Palau, qui sait émouvoir en poussant la chansonnette hispanique, auraient pu se contenter d’avoir réussi à alterner les larmes et les rires. Ils font encore mieux : il y a en eux une vraie poésie vibrante et évidente. Avec une infinie délicatesse, ils explorent les chemins de la vie et de l’après-vie.
Pendant cette heure gracieuse que l’on passe en leur bonne compagnie, on est de plain-pied dans le plaisir théâtral, dans cette illusion qui remplit le cœur et draine l’âme. Ce spectacle moderne, qui se dissimule presque timidement dans des habits anciens, est à la fois universel et intemporel.
Une réussite que l’on conseillera autant pour les grands que pour les petits qui devraient comprendre, accepter et aimer ce conte léger et sensible. |