Création collective et jeu de Clément Bresson, Sébastien Pouderoux et Marie Rémond.
Sur une chanson de Bob Dylan qui s’échappe d’un radiocassette, en chemise, le haut d’une salopette bleue nouée autour de la taille, elle est affairée à monter les planches d’un bar américain.
De l’autre côté du plateau, un canapé recouvert d’un tissu mexicain que domine au second plan un impressionnant tas de charbon, dont quelques pierres de temps en temps dégringolent. Spectacle sur le film "Wanda" de Barbara Loden, sur Barbara Loden elle-même, sur son couple avec Elia Kazan, spectacle sur le cinéma des années 70 ou spectacle sur les relations hommes-femmes, "Vers Wanda" est un peu tout ça à la fois, explorant plusieurs thèmes sans se focaliser vraiment sur aucun d’entre eux. Aussi drôle que leur précédente création "André", "Vers Wanda" est loin par contre de dégager la même émotion. A force de tout tirer vers le burlesque, on en oublierait presque le sujet dramatique du film de Barbara Loden et exceptée la fin tirée du livre d’Elia Kazan, qui raconte les derniers instants de sa femme, on ne parvient jamais à éprouver de l’empathie pour aucun des personnages qui sont tous caricaturés. Alors, oui c’est drôle et l’on rit beaucoup, mais conçu sur un rythme alternant scènes de conversations banales faussement improvisées et scènes d’hystéries (dont certaines étaient surement dispensables), à force de systématisme, "Vers Wanda" perd de sa force et malgré des interprètes remarquables (la toujours très juste Marie Rémond, le subtil Clément Bresson capable de passer d’un personnage à l’autre avec une étonnante virtuosité et Sébastien Poudéroux incarnant un Kazan parodique), ne parvient pas à confirmer l’excellence du précédent opus collectif du trio. Il reste un spectacle foisonnant et inventif. Certes, ce n’est déjà pas si mal… Mais on attendait mieux. |