Spectacle conçu et interprété par Laurie Cannac d'après un conte de Hans Christian Andersen, dans une mise en scène de Ilka Schönbein.
"Queue de Poissonne" est une relecture du conte d'Andersen, "La Petite Sirène", par la même équipe qui avait créé "Faim de Loup" en 2009.
La petite sirène vit au fond des mers. Un jour, elle sauve un prince de la noyade, tombe amoureuse de lui et décide d'en appeler aux forces magiques pour aller vivre, par amour, sur la terre ferme. Or l'amour de la sirène n'est pas payé de retour. Elle devra donc assassiner le prince pour redevenir sirène.
La pièce proposée par Ilka Schönbein, à la mise en scène, et Laurie Cannac, au jeu et à la manipulation des marionnettes, s'éloigne par bien des points de la vision du conte par les studios Disney à laquelle les enfants comme les adultes sont le plus habitués.
Par la conception des marionnettes de Laurie Cannac, la création son de François Olivier et les musiques de marins ou les bruitages sortis de son accordéon par Alexandra Lupidi, le ton adopté fait alterner au rythme des vagues les moments où le spectateur retient son souffle et les bouffées d'oxygène.
Mais il y a surtout les lumières de Sébastien Choriol qui rappellent par leurs verts et les ombres portées les oeuvres cinématographiques et télévisuelles des réalisateurs danois : "Bron" "Those Who Kill" ou "Millénium" pour les séries télé, "Melancholia" de Lars von Trier, "Le festin de Babet" de Gabriel Axel ou "Festen" de Thomas Vinterberg pour le cinéma.
La vision d'Ilka Schönbein du conte d'Andersen est plus dramatique, oppressante, s'intéresse plus à la symbolique et à la construction de l'identité féminine que celle de Disney.
La conception des marionnettes, où le prince a une taille humaine et "joue" comme un acteur avec la manipulatrice, où la coque du bateau devient tour à tour un coquillage, la carapace d'un monstre marin, un rocher derrière lequel l'actrice peut changer de costume ou une robe, est à la fois d'une grande originalité et un modèle du genre.
Quant à la manipulation par Laurie Cannac, souvent avec les pieds puisqu'elle joue le rôle de la sirène en même temps, l'exercice est simplement époustouflant.
Ce spectacle, s'adresse donc autant à un jeune public qu'à un public adulte qui ne pourra que s'émerveiller devant tant de trouvailles. |