Organisée par la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais et la Soprintendenza del Polo Museale Fiorentino, l'exposition "La Renaissance et le Rêve" qui se tient au Musée du Luxembourg propose au visteur de découvrir "l'ancien régime du rêve"
tel qu'il était perçu au 16ème siècle à travers ses représentations picturales
Le commissariat de cette exposition thématique est assuré par Alessandro Cecchi, directeur de la Galleria Palatina et du Jardin Boboli au Palazzo Piiti de Florence, Yves Hersant, professeur à l'Ecole des haut en sciences sociales, et Chiara Rabbi-Bernard, historienne de l'art.
La monstration des oeuvres, dont celles de Véronèse, Michel-Ange, Le Gréco et Bosch, bénéficie d'une élégante scénographie de l'architecte-scénographe Loretta Gaïtis qui tend à la mise en scène des oeuvres dans l'atmosphère de pénombre qui préside au royaume des rêves.
Le rêve à la Renaissance : des belles endormies aux démons de la nuit
De la nuit à l'aurore, l'exposition explore la thématique du rêve à la Renaissance selon deux axes : l'évocation du dormeur et la représentation du rêve.
Thème récurrent, la représentation de la nuit et du sommeil s'effectue au moyen de l'allégorie anthropomorphique et du nu féminin. Aux côtés de la chaste nuit de Battista Dossi, celle de Michel-Ange révèle les attraits du corps féminin offert dans sa nudité révélée.
De même, aux côtés du pur sommeil de l'enfant Jésus ("La Sainte Famille" de Agnolo di Cosimo et celle de Lavinia Fontana), pour la représentation de la dormeuse avec la Vénus offerte aux regards ("Vénus et Cupidon" de Pâris Bordone et "Vénus et l'Amour endormis découverts par un satyre" de Le Corrège).
Mais comme l'indique le commissaire Yves Hersant, cet érotisme ostensiblement affiché ne serait pas "gratuit" car "le désir sensuel a aussi un pouvoir d’élévation";
Cette notion d'élévation est d'ailleurs essentielle dans la représentation de l'expérience onirique quand elle celle de personnages de haut rang ("Le rêve de Philippe II" par Le Greco, et "Apparition de Saint Pierre et Saint Paul à l'empereur Constantin" de Garofalo).
Le rêve de l'homme devient songe pour les pesonnages mythologiques ("Le songe d'Enée" de Nicolo dell'Abate, "Le songe de Pâris" de Pieter Coecke van Aeits) ou bibliques ("Le songe de Jacob" de Jacopo Ligozzi et celui de Adam Eisheimer).
Pour les personnages saints, il s'agit bien évidemment de visions chrétiennes exaltant les préceptes de l'Eglise ("Le songe de saint Jérôme" de Francesco d'Antonio, "La vision de sainte Hélène" du Véronese, "La vision de saint Augustin" de Boticelli, "Le songe de Catherine d’Alexandrie" de Ludovico Carracci).
Quant à la représentation du rêve stricto sensu, exception celle du "Rêve du docteur" de Durer, elle est rarement profane, joyeuse et personnelle. En effet, et plus spécifiquement chez les peintres de l'Europe du Nord dont Hieronums Bosch est un des maîtres d'oeuvre ("Visions de l'au-delà", "La vision de Tondal", "La tentation de saint Antoine"), elle illustre les
cauchemars et les visions d'apocalypse véhiculés par la Bible et l'Eglise à l'encontre des mécréants et des hérétiques.
Mais heureusement l'évocation, par Jacopo Zucchi, de l'aurore lumineuse sous les traits de Psyché qui réveille l'Amour chasse les démons de la nuit. |