Réalisé par Gaël Métroz. Suisse. Documentaire. 1h33 (Sortie 6 novembre 2013).

Apprêtez-vous à faire un grand voyage, un voyage cinématographique plus grand que la vie, plus grand que l'âme.

Suisse, comme tous les grands voyageurs, et bien sûr comme Nicolas Bouvier à qui il a consacré son premier long métrage (" Nomad's Land-Sur les traces de Nicolas Bouvier"), Gaël Métroz s'est mis

dans ses pas pour filmer "Sâdhu". Un "sâdhu" est un hindou qui veut atteindre l'éveil spirituel, abréger le "samsara", le cycle des réincarnations. Pour cela, il faut renoncer au monde, vivre l'instant présent dans la méditation ou dans l'errance. On compte plus de cinq millions de "sâdhus" ou de "sâdhivis" (quand il s'agit de femmes) en Inde et au Népal.

Gaël Métroz s'est attaché à suivre Suraj Baba, un sâdhu qui a vécu huit ans dans le silence et la solitude dans sa grotte au Nord de l'Inde et qui a décidé de faire un grand pèlerinage, "le" grand pèlerinage ultime, jusqu'aux trois lacs sacrés de Samodar, situés au Népal près de la frontière avec le Tibet, c'est-à-dire en plein Himalaya, à plus de 4 900 mètres d'altitude.

Partant de Gangotrî au Nord de l'Inde et aux sources du Gange, Suraj Baba va donc accomplir un périple de plusieurs milliers de kilomètres qui lui fera traverser fleuves, rivières, déserts et montagnes.

Gaël Métroz va suivre cette quête pendant dix huit mois pour un méga "Connaissances du Monde" en Inde et au Népal qui allie spiritualité, amitié entre le filmeur et le filmé et beauté époustouflante des paysages.

Cherchant avec excès un absolu excessif, Suraj Baba est un sâdhu étonnant, puisque cet ancien musicien rock et reggae s'avère aussi un disciple éclairé de Bob Marley.

Pour être à l'unisson de ce marcheur hors norme, Julien Pouget a composé une musique « syncrétique » entre l'Inde et l'Occident, pleine de souffle et de puissance. De cette union des hommes, des sons et des images, naît un objet filmique qu'on n'osera appeler du nom générique de "documentaire".

Car "Sâdhu" est bien plus que la captation du chemin parcouru par un illuminé. D'une folle beauté formelle, d'une lenteur ascétique habitée mais jamais harassante, "Sâdhu" est une expérience de 93 minutes qui devrait convaincre bien au-delà de ceux qu'on nommait jadis des "babas" et qui eux aussi, comme Suraj Baba, usaient leurs sandales ou leurs baskets en empruntant la route pour Katmandou.

À coup sûr, "Sâdhu" de Gaël Métroz restera comme l'un des films les plus singuliers de l'année 2013.