Pour couronner sa première année, l’Association Les P’tits Molières (regroupant 15 théâtres affiliés de moins de 100 places) présentait à la Comédie Caumartin, à l’invitation de sa directrice Denise Petitdidier, sa première cérémonie au cours de laquelle étaient dévoilées les premières récompenses pour la saison 2012-2013 et remis les premiers trophées aux lauréats.
Réalisés par Joêlle Isnardon, ces trophées magnifiques allient en un harmonieux mariage de velours et de verre, la beauté et la fragilité du spectacle vivant.
Cette fragilité donna d’ailleurs lieu à un faux accident à l’occasion d’un sketch où un trophée se brisa mais visionnaires les P’tits Molières ignoraient sans doute qu’un des lauréats, sans doute emporté par l’excitation, ferait subir volontairement le même sort au sien, à la consternation du public et de son metteur en scène.
Il faut dire qu’en terme de ratages, les auteurs de la soirée avaient pris les devants et par des sketchs souvent bien réalisés (même si un peu de sobriété n’aurait pas fait de mal) avaient décidé d’illustrer tous les ratés possibles en pareille cérémonie (chute donc, mais aussi problèmes techniques, personnalités absentes, revendications diverses ou interlocuteurs bavards).
Le tout donna lieu à une cérémonie truffée de gags, d’imprévus et de claques, à l’image du Président d’honneur Patrick Haudecoeur, drôle et décontracté, qui lança la soirée d’un ton badin et malicieux.
S’ensuivit un vrai -faux duplex avec Jean-Claude Dreyfus, une complètement fausse conversation téléphonique avec Fabrice Luchini (imité par Christophe Truchi) et plein d’autres intermèdes écrits et joués par les talentueux Marjolaine Humbert, Brice Borg, Jérémie Milsztein, Christophe Truchi, Valentin Papoudof, Yoan Masson, avec le metteur en scène de la soirée, Jérôme Tomray (le président des P’tits Molières) en Monsieur Loyal.
Le moment le plus réussi fût incontestablement un beau et spectaculaire combat d’épée réglé par le même Jérôme Tomray, spécialiste du genre, et réunissant une demi-douzaine de combattants.
Il ne manquait plus à cette équipe d’animation qui avait tout prévu, que de prévoir un soupçon d’émotion. Heureusement, celle-ci vint de certains lauréats qui n’éprouvèrent ni le besoin de faire de l’humour, ni de casser le matériel mais simplement de remercier leur équipe et souvent aussi les organisateurs, le jury ou le public.
Ce fût le cas d’Alice Gérard (meilleure comédienne) dont la simplicité fût à l’image de sa gentillesse ou encore du duo Laure Majnoni-Sophie Hoyer (meilleur spectacle jeune public) visiblement étonné d’être là. Il y eu également la seule des P’tits Molières à ne pas faire de gags (mais participa brillamment au combat d’épée) : Alexandra Gobillot, trésorière de l’association, qui trouva les mots justes pour remercier tout le monde.
Les grands gagnants de la soirée furent sans conteste la Compagnie Ozagué pour "Le Baiser de la veuve" récompensé 2 fois (Meilleur spectacle tout public et Meilleur comédien) et la Brainstorming Compagnie pour "Brainstorming" (Meilleure mise en scène et P’tits Molière d’honneur).
Pour ces deux sympathiques compagnies remarquablement douées, ces prix présagent déjà d’une seconde carrière : "Le Baiser de la veuve" joué actuellement au Théâtre Douze a gagné le droit de se produire au prochain Off d’Avignon (un mois de représentation offert par le Théâtre Le Verbe fou). Quant à "Brainstorming", il reviendra dans la capitale pour un show case à la Comédie Caumartin ainsi que pour plusieurs dates au Théâtre Pixel. Ne ratez pas ces deux formidables spectacles.
Pour une première, ce fût donc une belle première et tous les invités ne regrettèrent pas l’heure et demie d’attente pour certains, digne d’un concert de star. Mais la star était bien présente ce soir-là et planait au dessus de la Comédie Caumartin. Il s’agissait d’un certain Jean-Baptiste Poquelin…
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