Réalisé par Jern Cohen. Etats Unis/Allemagne. Drame. 1h46. (Sortie 18 décembre 2013). Avec Robert "Bobby" Sommer et Mary Margaret O’Hara.
Difficile de parler de ce film hors norme. Si l’on écrit que Jem Cohen filme principalement un gardien de musée viennois qui surveille, entre autres, les magnifiques Bruegel du "Kunsthistorisches Museum" (le musée de l’histoire de l’art), on risque de faire fuir les spectateurs potentiels.
Si l’on rajoute qu’il s’agit aussi de la rencontre inattendue, et pleine de bienveillance, de cet homme avec Mary Margaret O’Hara, une artiste musicienne et "performeuse" américaine, de passage à Vienne pour revoir un membre de sa famille en train de mourir, on ne devrait pas convaincre plus de monde.
Évidemment, en précisant que Robert "Bobby" Sommer n’a pas toujours été gardien de musée, mais a été "roadie" pour des groupes de rocks des années 60, et joue du rock dans des cafés à Vienne, on pourra peut-être intriguer davantage.
Car "Museum Hours" est plus qu’un documentaire, c’est un hymne multiple à la vie quelle que soit sa forme, qu’elle soit active ou contemplative, qu’elle s’incarne dans l’amour d’une ville, d’un tableau ou d’un être.
Au bout de ce voyage en images, en mots et en sons, orchestré par Jem Cohen, il n’y aura qu’une poignée d’esprits chagrins qui n’aura pas envie de découvrir Vienne, les chefs d’œuvre de son musée et de rencontrer les personnages qu’il a filmés.
Entreprise impressionniste, bénéficiant d’un montage savant, son film allie l’étrangeté d’un film expérimental au charme d’un documentaire intimiste décrivant l’amitié (ou plus) naissant entre deux êtres que la magie contagieuse du génie de Bruegel a rapproché…
Il faut avouer qu’on se refuse à l’anecdote en se remémorant ce film délicatement hypnotique, qui donne des sensations fugaces plus que des certitudes tenaces.
"Museum Hours" de Jem Cohen restera une des énigmes de 2013. Il faut s'y rendre comme on visite un musée. On n’aimera peut-être pas tout ce qu'on y verra, mais ce qu’on y aura aimé restera longtemps en tête et l’on ne regrettera pas de l'avoir vu… |