Lecture-démonstration d'après les correspondances de Marcel Ducamp et Henri-Pierre Roché, conçue et interprété par Christophe Salengro, Philippe Découflé et Alice Roland.

Drôle d'objet théâtral que ce "Marcel Duchamp". La correspondance entre Marcel Duchamp et son ami Henri-Pierre Roché, l'auteur de Jules et Jim, essentiellement autour de questions matérielles, n'est ni vraiment lue, ni véritablement interprétée.

Marcel Duchamp, proche du mouvement dada et surréaliste,présente en 1916 à New York son "Nu descendant un escalier".

Alors que Christophe Salengro lit la correspondance de l'artiste, Philippe Découflé va décomposer le mouvement d'un tableau pourtant cubiste et non anatomique. Des actions, un film de Duchamp, des reproductions et des objets représentatifs de son oeuvre entourent les trois corps qui s'emparent du verbe.

Christophe Salengro est Marcel Duchamp, "anartiste", libre, féru d'échecs, un jeu qui l'amuse plus que ses créations artistiques.

Philippe Découflé est le nu descendant un escalier, sorti du cadre, qui va s'occuper de la comptabilité de Marcel Duchamp. Alice Roland est la "mariée mise à nu par ses même" qui commente de manière critique et ironique la vie et l'oeuvre de son créateur.

Les trois acteurs-danseurs, qui dansent pourtant très peu dans ce spectacle sans musique, semblent d'abord prendre grand plaisir à être ensemble sur scène. Si Christophe Salengro ne se départit jamais de son flegme, les yeux de Philippe Decouflé brillent derrière ses lunettes rondes et les lèvres d'Alice Roland retiennent difficilement un sourire.

L'audace de Duchamp, ses propositions artistiques conceptuelles et sa folie sont soulignés tout au long de cette pièce qui mélange les genres, ose la dérision et privilégie le mouvement pour rendre hommage à un artiste qui est toujours allé de l'avant.

"Marcel Duchamp", à travers une mise en scène et une interprétation décalées et audacieuses, salue donc le génie d'un des plus grands artistes, peintre et plasticien, du 20ème siècle, en épousant la légèreté, l'ironie, le mordant de son oeuvre et la liberté de l'artiste.