"Je suis là" répète plusieurs fois Dominique Dalcan sur "C'était quoi la question ?", morceau d'ouverture d'Hirundo (hirondelle), annonçant ainsi son retour après plus de 15 ans d’absence. Car ce n'est que le quatrième album depuis ses débuts en 1991 (mettons de côté Snooze, son projet électronique) et le premier depuis 1998.
S’il joue dans la même catégorie que les Daho, Biolay ou Dominique A, difficile pourtant d’imaginer que Dalcan ne restera pas cet artiste majeur de la chanson française condamné à une audience mineure, seulement reconnu par un cercle trop restreint d’amateurs. Malgré des rendez-vous manqués avec le public et une volonté certaine de brouiller les pistes, il faut pourtant faire l’éloge de ce nouvel album, en parler, le partager, mettre chacune de ces chansons sur le piédestal qu’elle mérite.
Car le verdict est immédiat : retour gagnant sans aucune contestation possible à l’écoute de ces 11 titres qui ont pour points communs l’exigence, l’élégance et le raffinement. La profession de foi énoncée dans "Brian", extrait de son album Cannibale - maître étalon d'une certaine idée de la chanson française -, "Je suis un artisan dans l'industrie des sentiments" est plus que jamais d’actualité.
Même si tous les titres mériteraient une mention, citons en particulier la majesté de "Des Hommes et des lions", ou l’entraînant single "Sometimes". Le bagarreur et intense "Braise" vient contraster avec la nudité crue de "La clope au bec", dont le texte vient aussi rappeler qu'Hirundo est aussi un retour à la vie après les graves problèmes de santé qu’a connu Dominique Dalcan. Les textes relèvent d’un véritable bestiaire ("Des hommes et des lions", Hirundo, "Transhumance", "A quoi pensent les oiseaux ?") mais ils n’en sont pas moins personnels et pertinents. Portés par la voix chaude et profonde de Dominique Dalcan, ils toucheront quiconque fera l’effort d’y prêter attention.
Disque serein et accompli, maîtrisé de bout en bout, rien ne peut empêcher Hirundo de voler très haut. Et bien au-delà du printemps. |