Comédie dramatique de René Fix d'après le roman éponyme de Hans Fallada, mise en scène de Claudia Morin, avec Marc-Henri Boisse, Jean-Paul Dubois et Claudia Morin.
René Fix a puisé dans un roman de Hans Fallada, écrivain allemand né en 1893 qui a connu la notoriété des 1930 et qui, malgré son opposition au régime, est resté en Allemagne pendant le IIIème Reich qui le mit à l'index au rang des écrivains indésirables sans toutefois être interdit, pour élaborer une partition théâtrale sur la thématique rarement abordée de la résistance allemande.
Dans "Seul à Berlin", cet auteur humaniste au regard critique sur la société de son temps, raconte la vie de gens ordinaires d'un immeuble, microcosme de la société allemande des années 1940, dans lequel vit notamment un couple modeste, qui, suite à la mort de son fils unique enrôlé dans l'armée nazie, va entrer en résistance de manière isolée en déposant dans les immeubles des cartes portant des messages appelant à la vigilance et à la subversion.
C'est cette histoire, inspirée de faits réels, que René Fix va transposer sur scène dans une partition constituée de scènes brèves, parfois des scènes-flash, qui, reprenant le titre de l'opus original avec l'ajout d'un dispensable point d'interrogation, privilégie la transposition de la narration chronologique, obligatoirement resserrée pour se caler dans un format court de soixante dix minutes.
Dans un décor minimaliste de Pascale Stih, une table et trois chaises, qui fera office de cuisine et de bureau de police, avec la projection en fond de scène d'un ciel de plomb ou d'un plan de Berlin et des intermèdes sonores et musicaux qui évoquent l'atmosphère berlinoise de l'époque, Claudia Morin signe une mise en scène classique qui ressortit au théâtre réaliste.
Elle incarne la mère fébrile toujours dans le registre de l'émotion éplorée et c'est Marc-Henri Boisse par l'intensité dramatique de son jeu très maîtrisé qui donne la mesure de l'enjeu du sujet de fond qu'est le réveil des consciences.
Ainsi il permet d'entrevoir l'évolution psychologique du passage de l'apolitisme prudent et de la passivité mutique d'une population soumise au régime policier de la terreur, en l'occurrence relayée au quotidien par le commissaire interprété avec justesse par Jean-Paul Dubois, à la nécessaire résistance individuelle quand bien même elle peut être considérée comme dérisoire. |