Effet de mode ou non, prendre le parti de styliser son nom de groupe loin des éternelles "the" et "band" est devenu une marotte avec laquelle chaque nouveau venu compose avec plus ou moins d’originalités. Gems, quant à eux, ont pris le parti de faire fi de la superstition 2.0 relayant chaque infime forme géométrique à une théorie du complot ou aux illuminatis et alignent pas moins de quatre triangles autour de leur nom.
Ayant récemment sorti leur premier véritable EP intitulé Medusa, la direction empruntée par le duo semble dessiner un horizon compris entre une pop évasive et une power pop, dont la part belle est offerte à une subtile utilisation des percussions et des basses.
Avec leurs 4 titres amoureusement arrangée, Lindsay Pitt et Clifford John Usher réussissent, sans aucune difficulté, à évoquer auditivement une esthétique qui leur est chère. A eux deux, ils donnent forme à une atmosphère vaporeuse et romantique, sublimée dans une absence de couleur renforçant un effet d’intemporalité.
"Medusa", le titre éponyme au mini-album en est la vitrine parfaite : un chant distant, capable de prendre de la puissance quand nécessaire et qui enlace tendrement une production hybride qui doit autant sa paternité aux années 80’s qu’à notre époque.
Bref, Medusa (l’EP cette fois), ce sont des balades obsédantes et échappées des miasmes de la pop rose bonbon, à grands renforts de nappes de synthés et de légères lignes de basses dont la discrétion ne fait qu’accentuer leurs importances. Et presque sans surprise, on reconnaîtra que le rendu est aussi confortable que réussi, conduisant Gems dans une étroite ruelle encadrée par Kate Bush et Bat For Lashes. Deux murs gigantesques qui, aujourd’hui encore, projettent des ombres sous lesquelles il fait bon d’évoluer. Premier jet réussi pour nos esthètes de Washington et qui les marquent comme l’un des espoirs de la pop pour les mois à venir.