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Théâtre 71  (Paris)  février 2014

Drame de William Shakespeare, mise en scène de Anne-Laure Liégeois, avec Olivier Dutilloy, Anne Girouard, Pauline Belle, Sébastien Bravard, Elsa Canovas, Alessandro de Pascale, Philippe Houriet, Pauline Masse, Noé Mercier, Sarah Pasquier, Jean-François Pellez, Jérémy Petit, Loïc Renard, Alexandre Ruby, Charles-Antoine Sanchez et Willie Schwartz.

Metteuse en scène éclectique qui alterne pièces du répertoire et textes contemporains, Anne-Laure Liégeois revient pour la troisième fois au théâtre élizabethain avec "Macbeth" de Shakespeare dont elle propose une version resserrée et moderne qui, avec la traduction de Yves Bonnefoy, remplit parfaitement sa mission.

En effet, cet opus complexe tisse plusieurs thématiques qui se développent simultanément de manière fusionnelle et arborescente ce qui constitue une véritable challenge en terme de représentation scénique.

Celle de la soif du pouvoir - quête intemporelle qui dans le monde contemporain substitue la mise à mort médiatique à l'élimination physique - se double d'une tragédie humaine, celle du couple Macbeth qui, soumis, entre autres, à la problématique du conflit manichéen entre le bien et du mal à l'instar du couple originel de la Genèse, s'engouffre dans les ténèbres de la folie.

Macbeth général écossais courageux et fidèle au roi et, ce qui n'est pas antinomique, homme faible, timoré et manquant de confiance en lui, n'ayant pas les moyens de son ambition et âme inquiète et naturellement vertueuse, est un amoureux inféodé à une épouse devenue son éminence grise.

Celle-ci, consumée par son refus des lois de la nature, et donc de sa condition féminine de surcroît incomplète en raison d'une maternité refusée, et un statut qui la confine à l'univers domestique, a développé une stratégie de compensation en leur substituant une ambition de puissance qu'elle réalise par procuration.

Mais l'ascension régicide au pouvoir suprême ne tient pas ses promesses de gloire et de bonheur. Après la scène du couronnement traitée comme un glamour et spectaculaire événement médiatique entre "images-point de vue du monde" et comédie romantique à l'américaine par Anne-Laure Liégeois, tout bascule.

Olivier Dutilloy campe parfaitement l'évolution psychotique de Macbeth qui le mène à une obsession d'invincibilité qui se manifeste par une compulsion meurtrière.

Car confronté non seulement à ses démons intérieurs, la culpabilité morale doublée de l'épouvante de la damnation et son impuissance, à sa paternité inaccomplie s'ajoute son impuissance à gouverner, mais également à l'angoisse face au déterminisme qui en fait le jouet d'un destin inexorable que des succubes, les "Weird sisters", lui ont révélé au cours d'une transe hallucinatoire, et à la vacuité d'un pouvoir d'autant plus éphémère qu'il sera sans postérité et dont la jeune génération des lignées aristocratiques vient déjà lui signifier la finitude, il devient furieux.

A l'inverse, Lady Macbeth, superbement incarnée avec une belle éloquence sensible par Anne Girouard, à qui la victoire n'apporte ni jouissance ni résilience, sombre dans l'abattement et l'incommensurable désappointement qui génère un sentiment d'échec insurmontable sur lequel vient se greffer un remords inattendu, la plonge dans une dépression délétère qui la conduit à la folie autodestructrice.

Anne-Laure Liégeois implante l'action dans un lieu résolument contemporain à l'esthétisme industriel froid comme les arcanes du pouvoir que Elisa Ingrassia a conçu comme un atrium moderne avec son sol de béton délimité par des portes coulissantes de hangar, qui se transformeront magnifiquement en une forêt en marche, et des couloirs d'eau dormante, qui est bien investi par les lumières soignées de Dominique Borrini.

Avec une mise en scène rythmée et une rigoureuse direction d'acteurs, sa proposition, totalement aboutie et assumée, est émérite.

La distribution est judicieuse et efficace avec Philippe Houriet (le roi Duncan), Sébastien Bravard (le rival Banquo) et une jolie brochette de jeunes comédiens fraîchement émoulus des écoles dramatiques nationales qui, en costumes gris de technocrates, interprètent notamment les jeunes loups de la politique.

Se distinguent Loïc Renard, issu du CNSAD, et Alexandre Ruby, formé à l'école du TNS, remarquables dans la scène de ralliement entre le futur roi Malcolm le juste et le pur, et le noble Macduff, celui qui n'est pas né d'une femme et qui sera le bras armé du destin.

Quant au couple infernal et maudit, particulièrement ciblé pour porter la dimension humaine de la tragédie, Anne Girouardet Olivier Dutilloy sont à la hauteur de la partition qu'ils portent, entre naturel et lyrisme, avec une belle passion.

 

MM         
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