C’est au B-Spot que Talisco a choisi de faire étape pour la première fois à Nice afin d'y présenter son premier album Run. Derrière le nom de Talisco se cache en réalité le projet d’un seul homme, Jérôme Amandi, qui n’a pour carte de visite qu’un seul EP paru l’année dernière et un court-métrage diffusé sur le net et décrit comme une bande annonce de l’album à paraître le 24 février.
Pour cette tournée, Talisco devient un groupe et se présente en trio, Jérôme Amandi étant accompagné de deux musiciens pour une formation sur une base de deux guitares et une batterie mais également multi-instrumentiste pour quelques sonorités électroniques. Le message est clair : le groupe jouera sans fioritures, de façon brute et frontale. Bonne surprise, la salle, certes de taille modeste, est bien remplie lorsque le groupe fait son entrée sur scène, probablement grâce au succès grandissant du titre "Your Wish".
Le set commence sans round d’observation par l’ambitieux et tendu "Sorrow", lézardé de déflagrations électriques. Le groupe semble sûr de sa force et cette impression se confirme dès les titres suivants tel le conquérant et puissant "My Home" ou "Follow me", brut et ample.
Talisco, qui n’a pourtant que quelques dates à son actif dans cette configuration, maîtrise parfaitement son sujet. Beaucoup moins folk que la réputation qui le précédait sur la foi des quelques morceaux déjà publiés, le trio interprète ses chansons avec intensité et, lâchons le mot, avec une approche rock. La batterie déroule des rythmiques parfois presque martiales, les guitares suivent le pas ou mènent la danse avec la même fougue. Le chant est maîtrisé et juste, la voix varie en intensité et en intonation tout en étant soutenue par les choeurs et harmonies du batteur et du guitariste. Quelques effets sonores gérés via des multipads viendront agrémenter et nuancer les morceaux. Le groupe prend visiblement du plaisir à jouer ce soir et obtient très vite les faveurs de l’audience, réceptive et conquise.
"Lovely", tout en subtilité et retenue sera le seul moment d’accalmie du concert, avant de laisser la place à une version dynamisée et percutante de "Your Wish" qui mettra tout le monde d’accord. Suivront deux titres du même acabit avant la fin de ce court set de neuf titres au cours duquel le trio aura démontré toute sa capacité à occuper l’espace sonore et à s’imposer sans aucun artifice, sur la base de chansons efficaces et d’une interprétation accrocheuse et fulgurante.
Pour le rappel, Talisco se lance dans une version plus dépouillée mais tendue de "Follow Me", démontrant à la fois sa virtuosité ainsi que la richesse et la profondeur de ses compositions et parachève son triomphe en rejouant "Your Wish", tel un hymne.
S’il est difficile de savoir comment ces titres seront retranscrits sur disque dans leur version studio, l’album à venir sera sans nul doute l’occasion d’apprécier ce songwriting, d’en explorer les détails que l’on devine complexes et surprenants. Reste à savoir si nous y retrouverons ce romantisme rageur et ce souffle épique dont a su faire preuve Talisco sur scène. Mais une chose est sûre : tous les espoirs sont permis. |