Comédie dramatique de Laurent Gaudé, mise en scène de Vincent Goethals, avec Amir El Kacem, Eléonore Arnaud, Ulysse Barbry, Pauline Clément, Antoine Cordier, Zita Hanrot, Lazare Herson-Macarel, Elise Lhomeau, Antoine Louvard, Morgane Nairaud, Barbara Probst, Antoine Reinartz, Sarah Jane Sauvegrain et Anaïs Thomas
Dans le cadre des ateliers d'interprétation du CNSAD, le metteur en scène Vincent Goethals a voulu faire travailler les élèves de troisième année sur la choralité pour les confronter au travail de troupe et à l'humilité des rôles sinon d'utilités du moins secondaires.
Il a choisi "Les sacrifiées" de Laurent Gaudé, auteur qu'il connaît bien - il est auteur associé au Théâtre du Peuple à Bussang dont il assure la direction - qui est totalement adapté à cet exercice puisqu'il ressortit au poème dramatique composé essentiellement de choeurs et de monologues lyriques.
Cette partition en triptyque repose sur une traversée de la deuxième moitié du 20ème siècle et un focus sur la condition de la femme algérienne à travers le destin tragique d'une lignée de femmes poursuivies par une malédiction originelle, celle qui pèse sur Raïssa, la fille tueuse de mère, dont la naissance a entraîné la mort de sa mère, trois générations dont l'histoire personnelle est imbriquée avec l'Histoire avec un majuscule.
Trois époques, trois lieux et trois drames : la Guerre d'Algérie, les Aurès et le viol de Raïssa par les soldats français, l'émigration des années 1970, les bidonvilles et l'ostracisme à l'encontre de sa fille Leïla la "pute", et les cités des années 1990 et la montée de l'intégrisme religieux avec Saïda la vitriolée.
Vincent Goethals présente un travail très complet et pointu en termes de modulations vocales sur le jeu du choryphée et les jeunes comédiens se fondent dans les rôles indifférenciés des soldats, des villageois et des émigrés.
Quant aux jeunes comédiennes, elles peuvent se distinguer au gré des monologues conçus comme des lamentos lyriques transcendés par la belle langue de Laurent Gaudé. |