Monologue dramatique de Elie-Georges Berreby dit par Frantz Morel A l'Huissier dans une mise en scène de Geneviève Rozental.
Décidemment, le Théâtre de l’Aire Falguière n’en finit pas de présenter des créations originales et de belles propositions.
Après le remarquable "Nadja" d’André Breton en début de saison, c’est "L’homme en morceaux" que la petite salle du quinzième arrondissement nous donne à voir et le moins qu’on puisse dire, c’est que le spectacle vaut le détour.
Tandis qu’on entend un cœur battre inlassablement, dans une embarcation en bois rouge qui ressemble étrangement à un cercueil, un homme semble à la dérive. Veste bleu et cravate rouge, il livre son cri de révolte au vent.
La pièce d’Elie-Georges Berreby est un petit bijou de finesse, d’humour et de poésie. D’une plume incisive et rythmée, elle relate la vie tumultueuse d’un homme brisé. Et on est sous le charme.
Virevoltant, Frantz Morel A l’Huissier interprète avec talent cet homme si proche de nous qui "décide de vivre à ses risques et périls malgré les aléas de la condition humaine".
S’exprimant autant par les expressions du visage que par le corps avec une élégance et une générosité rare, cet interprète attachant est extraordinaire. Et offre au genre du "seul en scène" une vraie bouffée d’oxygène.
Geneviève Rozental met en scène ce spectacle atypique et décalé avec beaucoup de pudeur et nous livre un vrai beau moment de théâtre où ce Don Quichotte semblant sorti de films muets parle avec des fulgurances à la Raymond Devos.
Mais dans "L’Homme en morceaux", le burlesque n’est là que pour masquer la tristesse du personnage principal qui n’en finit pas de nous déconcerter et de nous émouvoir tandis qu’il dévide l’écheveau de son existence accidentée aux récifs de la société.
Ne ratez pas cet insolite et intelligent spectacle. |