Comédie dramatique de Carole Fréchette, mise en scène de Thomas Le Douarec, avec Caroline Devismes et Thomas Le Douarec.
"Jean et Béatrice" commence comme une variation des rencontres par petites annonces avec une richissime héritière qui reçoit des hommes inconnus chez elle.
Sauf qu'elle les rémunère pour qu'ils procèdent à un simulacre de l'amour qui tient en trois points, intéresser, émouvoir et séduire.
Mais la partition de la dramaturge québécoise Carole Fréchette ne ressortit pas à la comédie romantique qui inverserait l'argument de de "Pretty woman" avec une milliardaire qui tomberait amoureuse d'un escort boy mais à la comédie dramatique dont l'intrique repose sur le dévoilement progressif d'une autre réalité qui laisse une certaine latitude d'interprétation au metteur en scène.
Dans la plupart des cas, cet opus étant pluri-programmé chaque saison théâtrale, Béatrice est une belle au bois dormant, Carole Fréchette l'a d'ailleurs atteinte de narcolepsie, qui rêve du prince charmant sonnant à la porte de sa "maison", belle emmurée dans ses névroses, et qui veut forcer Jean, chasseur de primes moderne qui a rempli son contrat, à partager son délire.
La mise en scène de Thomas Le Douarec s'inscrit dans cette grille d'analyse d'autant qu'elle pose immédiatement, avec la voix fébrile et la tonalité fiévreuse appuyée du comportement gestuel et postural de Caroline Devismes, le principe du déséquilibre du personnage féminin.
Quant au personnage de Jean qu'il interprète, il lui apporte, sous l'apparente solidité du matérialiste, une inattendue fragilité qui se révèle dès qu'il paraît plus en mesure de maîtriser la situation.
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