Drame musical d'après l'oeuvre éponyme de William Shakespeare conçu et mis en scène par Daniele Martini, avec Laurent Ban, Giuseppe Cartella, Heron Borelli, Ilaria de Angelis, Valentina Spreca, Luca Marconi, Daniele Martini et Fabrizio Voghera.
Pour transformer le chef d'oeuvre le plus connu de Shakespeare en spectacle musical, Daniele Martini, a fait le seul choix qui s'imposait : éviter les mots et les remplacer par des notes et des paroles chantées.
Dans cet "Hamlet", ou plutôt cet "Hamleto" puisqu'ici on chante dans la langue de Dante, les morceaux s'enchaînent sans temps mort et sans aucune partie parlée.
En une trentaine de chansons et en presque autant de tableaux, il a conçu une version trépidante de la tragédie sans la dénaturer et sans la rendre incompréhensible. Il y aura donc bien quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark, la pauvre Ophélie y perdra plus que la raison et tout cela finira par un carnage royal en seulement deux heures.
Contrairement aux spectacles musicaux créés en France, "Hamlet" de Daniele Martini - qui joue par ailleurs Polonius - n'est pas une succession de chansons qu'on pourrait péjorativement qualifiées de "variétés". Compatriote de Verdi et de Puccini, on le sent influencé autant par les comédies musicales anglo-saxonnes que par les opéras italiens.
Ainsi, Giuseppe Cartella qui joue un Claudius martial, avec quelques relents de père Ubu, est un authentique ténor d'opéra qui pourrait sans nul doute se dispenser de chanter avec un micro.
Mélangeant les genres musicaux, jouant astucieusement d'un fond vidéo sur lequel on découvrira un spectre plus près du monstre d'Alien que de la statue du commandeur, le spectacle de Daniele Martini bénéficie aussi des très beaux costumes de Pierre Cardin qui créent une atmosphère baroque. On appréciera les tenues féminines, particulièrement celle de la reine dans sa longue robe brillante dont la couleur évolue en fonction des lumières.
Mais "Hamlet" sans un Hamlet convaincant ne pourrait fonctionner. Laurent Ban a la fougue de la jeunesse, une belle voix et fait face à une Ophélie aguerrie à toutes les formes musicales puisque Ilaria de Angelis sait fait connaître en Italie dans "The Voice" et qu'elle a joué dans un autre spectacle de Daniele Martini, cette fois-ci consacré à Casanova.
Évidemment, on regrettera que le spectacle ne soit pas surtitrée pour pouvoir saisir parfaitement le sens de cette version italienne, même si ceux qui aiment cette forme de spectacle ne seront en rien gênés par ce petit désagrément.
Car, sans les mêmes moyens, sans décors et et sans distribution pléthorique, "Hamlet" de Daniele Martini, vaut largement les spectacles musicaux français type "Les Dix commandements". |