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Interview  (Paris)  vendredi 24 janvier 2014

Nous avions déjà fait une session de Joan As Police Woman lors de la sortie de son précédent album The Deep Field. Et nous en étions repartis le sourire aux lèvres tant Joan Wasser est une personne gentille et disponible. Surtout nous en étions repartis avec une version sublime de "Woman" de John Lenon.

Pas de reprise cette fois-ci pour cette nouvelle session venue illustrée son album The Classic mais toujours ce même sentiment d'être accueillis par une personne hors du commun. Voici deux titres issus de ce nouvel album et une belle interview.

Tu as commencé à jouer du violon quand tu avais huit ans et tu as joué avec la Boston University Symphony Orchestra. Quelle est, selon toi, l’influence de ton éducation dans la musique classique dans la musique que tu écris à présent ?

Joan Wasser : Je ne suis pas sûre… C’est difficile à savoir… Parce que nous avions l’habitude d’écouter beaucoup d’harmonies compliquées… Peut-être dans mes chansons… des harmonies plus denses dans mes chansons et aussi les arrangements parce que j’écoutais beaucoup de musique de chambre. Simplement l’idée de personnes qui jouent différents morceaux, puis les personnes qui sortent et l’impact qu’elles peuvent avoir quand elles reviennent, l’interaction simplement. Je pense que cela a à avoir avec la musique classique.

Tu t’es décrite comme "R&B punk rock" et "musique soul américaine". Je pense que c’est assez opposé.

Joan Wasser : C’était il y a huit ans. Mais c’est OK, c’est bon.

C’est parce qu’en écoutant tes chansons, j’ai l’impression que le côté soul est plus marqué.

Joan Wasser : Oui, absolument.

Je voulais te demander comment tu réussis à combiner les deux. J’ai entendu que tu as un "problème avec l’autorité" et j’ai pensé que cela expliquait peut-être le "punk rock".

Joan Wasser : Oui, je me sens plus ou moins loin de tout ça dans ma vie ces jours-ci. J’ai dû apprendre tout toute seule, je pense que c’est ça à quoi je faisais référence. Si quelqu’un me dit que je ne devrais pas faire quelque chose, alors je le fais. Je dois faire l’expérience moi-même, mais après j’ai véritablement appris. Beaucoup de fois, il y a plus de douleur impliquée mais c’est la douleur qui m’enseigne.

Quand il s’agit d’écrire des chansons, as-tu des influences littéraires ? Lis-tu ?

Joan Wasser : Je lis. J’aime les bonnes lectures. J’aime beaucoup Hemingway.

As-tu lu celui qu’il a écrit sur Paris, "Paris est une fête" ?

Joan Wasser : Oh oui, il a beaucoup écrit sur Paris. Et aussi, c’est quoi son prénom… J’ai juste lu, il n’y a pas très longtemps, cette trilogie, c’est aussi sur Paris… Henry Miller ! Je viens juste de lire le dernier roman d’Hemingway, bon, il a été publié à titre posthume. C’est "Le Jardin d’Eden".

Je n’en ai jamais entendu parler.

Joan Wasser : Moi non plus et c’est tellement beau. C’est peut-être mon livre préféré. Il faudra vérifier, il faudra vérifier ! J’adore la manière qu’il a d’utiliser les mots de manière minimale, il découpe vraiment les mots.

Des phrases simples mais toujours le mot juste.

Joan Wasser : C’est ça à quoi j’aspire.

Cela peut prendre longtemps de trouver le mot juste. Est-ce le cas quand tu écris les chansons ?

Joan Wasser : Oui, parfois je dois attendre des semaines ou des mois pour que ce mot apparaisse. Mais après il le fait. C’est cette sensation bizarre "pourquoi n’ai-je pas pensé cela il y a deux semaines ?". C’est parfois le cas.

Quel est le processus quand tu écris les chansons ? Qu’est-ce que tu écris d’abord, les paroles ou la mélodie ?

Joan Wasser : J’écris rarement les paroles d’abord. Normalement je m’assois devant le piano ou la guitare et je commence à jouer une sorte de suite d’accords que je trouve convenable et qui reflète comment je me sens intérieurement. Les mots viennent plus facilement après la musique, parce que ça ressemble déjà à ce que je ressens.

Bien souvent, il y a déjà quelques mots, comme des mots clef dont je m’assure qu’ils vont me permettre une continuité. J'utilise des sons phonétiques seulement pendant quelque temps, et les mots viennent après. Je ne sais pas comment mais j’écris des mots qui sont des remplaçants, qui sont nécessaires, que je n’aime pas forcément. Ce sont des mots qui ne vont pas rester mais qui servent un but, qui me permettent de continuer ou de développer la mélodie. Et après j’ajoute, et je rajoute, et je rajoute, et je rajoute des mots. D’abord, je les écris, puis je les tape, puis je les barre tous, et puis je les retape, et après j’ai une grande pile de papiers. Jusqu’à ce que j’ai l’impression que c’est correct.

C’est un procès laborieux alors.

Joan Wasser : C’est du travail. C’est beaucoup de révision, beaucoup de "bon, on se rapproche, maintenant on se rapproche"… Tu sais ! En écartant les choses qui ne marchent pas.

Comme tu commences par la mélodie, penses-tu que tu t’exprimes mieux avec la musique qu’avec les mots, ou est-ce l’ensemble ?

Joan Wasser : Je sens que c’est une seule chose mais que la musique arrive d’abord pour moi. La musique est juste la chose qui était là avant. Je sens que je me déplace dans cette direction : la musique, puis après la mélodie. Les mots sont aussi tellement difficiles parce que je dois vouloir les dire toutes les nuits dans les années qui suivent. Je ne laisse jamais rien au hasard. Si quelque chose ne me semble pas correct, et c’est juste "ah, bon…" ; non, parce que je ne vais jamais vouloir chanter ce morceau, alors je modifie tout jusqu’à ce que j’ai l’impression que c’est suffisamment bon pour le dire beaucoup de fois.

J’ai écouté quelques unes de tes chansons dans la version de l’album et dans une session que tu avais fait pour Froggy’s Delight il y a trois ans. Quand tu joues la chanson de manière acoustique, tu la transformes en quelque chose de plus doux et intime. Ressens-tu cela aussi ?

Joan Wasser : Oui, parce que c’est seulement moi et un instrument, je n’ai pas de chœur, des choristes, de section rythmique. C’est la manière dont je l’avais écrite à l'origine : seulement ma voix et un instrument, soit la guitare, soit le piano. Alors, c’est beaucoup plus intime. Aussi, je ne dois pas m’inquiéter pour quelqu’un d’autre ou communiquer avec quelqu’un d’autre musicalement. Je peux faire exactement ce que je veux, ralentir…

Que préfères-tu : jouer avec d’autres musiciens ou toute seule ?

Joan Wasser : Les deux sont bien. J’ai hâte de jouer avec mon groupe en ce moment. Mais jouer en acoustique est très bien aussi. Cela me rappelle d’où viennent les chansons.

Ton nouvel album "The Classic" sera disponible à partir du 10 mars. Je me demandais quel est le sens du titre, pourquoi "classique". Pourrais-tu l’expliquer ?

Joan Wasser : Non (rires) ! Il y a un certain nombre de choses. Il y a la chanson qui s’appelle "The Classic" dans l’album qui est sur un amant suprême, tu es l’archétype, tu es le classique, c’est très… grandiose. Quand je cherchais un titre pour l’album, celui-là me semblait le meilleur. J’aime la musique classique, quand j’écris des chansons, j’essaie de composer mon propre genre de chansons classiques. Donc, il y a cela. Et c’est aussi drôle. Alors, met tout ça ensemble !

En écoutant ton album, les paroles sont assez positives. Tu chantes "il semblerait que j’ai réussi, réussi tout ce que j’espérais" ("The Classic") et "je ne suis pas ici pour être la personne qui souffre" ("Shame"). Te sens-tu de cette manière dans ce moment de ta vie ?

Joan Wasser : Oui, oui. Les chansons d’amour ne sont pas écrites à propos de quelqu’un de concret. Elles sont écrites à propos de quelqu’un que j’ai imaginé rencontrer dans ma vie. Pour la chanson "Shame", je voulais écrire une chanson sur la honte mais je ne voulais pas que ce soit nul, ça aurait été très mauvais, si c’était (ndlr : elle imite quelqu’un qui pleure). Je l’ai écrite presque comme James Brown parce que je voulais me moquer de cette chose que tout le monde tient secrètement, dans son intérieur, dans un petit endroit, mais dont personne ne parle. J’ai commencé à l’écrire comme si je me retournais vers ça, comme "fuck you, sors de moi" et d'une certaine façon, comme si je me m’en moquais plutôt que de le laisser prendre le contrôle ou le pouvoir véritablement.

Tu disais que tu as écrit la chanson presque comme James Brown et je sens que dans ce nouvel album, tu as fait ressortir tes influences R&B. "Shame" me rappelle la chanson "Sinnerman" de Nina Simone.

Joan Wasser : Wow ! Merci, c’est génial. Tu n’aurais pas pu me faire de plus beau compliment.

En comparant avec d’autres chansons comme "Flash" ou "Start of My Heart".

Joan Wasser : Oui, absolument. Cette musique est quelque chose d’extrêmement important pour moi et que j’aime. C'est ma musique préférée. Je me suis permis de faire exactement ce que je voulais dans cet album.

As-tu de nouveaux projets à l’esprit, des collaborations par exemple ?

Joan Wasser : En effet, j’en ai. J’ai un groupe avec Benjamin Lazar Davis, nous avons un groupe qui s’appelle 2001, ne me demande pas d’expliquer pourquoi parce que je ne vais pas le faire (rires) ! Je vais essayer de l’expliquer. Il y a un instrument que les Pygmées utilisent, comme une flûte, où ils soufflent et chantent et qui fait ce bruit (elle imite le son). Laisse-moi une seconde ! Alors, ces motifs et rythmes sont incroyables. Nous avons pris des parties de ces motifs et nous les avons joués sur un autre instrument, guitare, piano, claviers, ou autre, et nous les avons mis en boucle et après écrit des chansons à partir de ça. Cela semble très ésotérique ou étrange ou expérimental mais cela ne l’est pas. C’est la musique la plus pop que j’ai faite et qu’il ait faite. Nous avons écrit presque tout l’album, alors nous allons l’enregistrer quand je rentrerai chez moi après la tournée. Voilà ma récente collaboration, un album qui va bientôt arriver.

L’histoire des Pygmées me fait penser à une interview où tu avais parlé du programme Africa Express. Tu avais assisté à des "lectures et applaudissements cycliques". Sont les deux choses en lien ?

Joan Wasser : Dans une certaine mesure, oui, sûrement. Parce que les motifs qu’utilise la musique Pygmée sont légèrement différents de ceux qu’utilise normalement une chanson pop. Si je compose une chanson, elle n’aura pas cette structure. C’est légèrement différent et cela inspire un sentiment différent. Alors oui, c’est similaire, absolument.

J’aimerais finir sur un petit détail. J’ai remarqué le "sigh" sur ta guitare et je suis curieuse de savoir si cela avait un sens particulier.

Joan Wasser : Oh, le "sigh", c’est juste… (elle soupire) "sigh", c’est tout. Je ne sais pas pourquoi c’est là. Je pense que c’est une portion extérieure d’émotions. "Sigh", tu sais, "sigh" veut dire soupir en anglais, au moins. C’est tout, c’est ça, voilà le sens.

Retrouvez Joan As Police Woman
en Froggy's Session
pour 2 titres en cliquant ici !

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Joan As Police Woman
Le Myspace de Joan As Police Woman
Le Facebook de Joan As Police Woman

Crédits photos : Laurent Hini (Toute la série sur Taste of Indie)


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