Monologue écrit par Joëlle Fossier interprété par Bérengère Dautun dans une mise en scène de Pascal Vitiello.

Est-il un écrivain moins connu que la Comtesse de Ségur, conteuse de notre enfance ?

Qui était cette bonne dame fouetteuse, grand’mère attentive, slave sans accent, aristocrate jusqu’au dénuement des mitaines, française de cœur et de plume ?

Joëlle Fossier, qui connait bien les comédiennes, entourée de Pascal Vitiello à la mise en scène, a simplement songé à la plus grande, lui offrant un texte de qualité, pour qu’elle le magnifie en conviant son expérience et son talent.

Bérengère Dautun. Toute la Comédie-Française en un nom. Celle de toujours. Les accents de Racine, la passion des héroïnes, la douleur des prisonnières de leur destin. La drôlerie et la fantaisie, aussi.

Bref, le Théâtre, avec majuscule et accent circonflexe, sans concession, ni minimalisme. Tout est donné. Aïe pour les autres...

D’une enfance douce, malgré une mère acariâtre et rabroueuse, bercée par un « Général Dourakine » qui se nomme Rostopchine, père aimant qui lui donnera l’amour de la vie, fuyant l’incendie de Moscou qui stupéfiera Napoléon, découvrant la France, y devenant elle-même dans l’amour un peu détaché du beau comte de Ségur, connaissant la morsure empoisonnée de la perte d’un fils chéri, elle concevra cette œuvre singulière et si émouvante, où des fillettes pleurent, des petits jeunes gens se jettent dans les flammes en se brisant le cou, où des bossus sont redressés, les cœurs purs rassasiés, les méchants dévoilés.

Qui sait fasciner un enfant lecteur, sans vulgarité, ni niaiserie, peut-être qualifié de grand écrivain.

Bérengère Dautun sait aussi tant nous émouvoir, bouleversante de hauteur et d’incarnation, c’est la divine Comtesse (parente lointaine du…divin Marquis), c’est la Sophie des "Malheurs", c’est une immense comédienne, enfin, une brume légère que le soleil des mots vainc, devenant azur dans la joie spéciale de l’après-spectacle.