Eblouissant retour des Ecossais bruitistes avec un huitième album brillant et coloré.
Après avoir élargi son champ d’action en 2013 en signant la bande originale de la série (très réussie) de Canal+ Les Revenants, le groupe prolifique s’est enfermé dans son studio de Glasgow (le bien nommé Castle of Doom) pour y convoquer à nouveau les esprits du post-rock, à grand renfort de Vocoder et d’accords possédés.
Comme souvent avec le quintette, le résultat est à la hauteur des espérances (si on prend le parti de ne pas s’arrêter à l’hideuse pochette aux lignes géométriques et aux couleurs qui piquent les yeux) ; le groupe nous transporte sur des nappes plus synthétiques qu’à l’accoutumée mais les guitares acérées, quoiqu’en retrait, ne sont jamais bien loin !
D’une durée moyenne de 5-6 minutes, les titres ne sont définitivement pas taillés pour la radio (mais de nos jours, est-ce vraiment un mal ?) ; à l’image de l’album, la structure même des morceaux est complexe : si on se fait secouer dès le décollage, la phase de croisière est également turbulente, et l’auditeur est malmené tout le long du parcours de ces montagnes Ecossaises, jusqu’au chaos final.
D’entrée de jeu, la lente montée en puissance de "Heard About You Last Night" nous rappelle à nos bons souvenirs des prédécesseurs de Rave Tapes. On fait le dos rond avec le thème inquiétant de "Remurdered", aux synthés très eighties, que n’aurait pas renié Vangelis pour sa BO de Blade Runner. Mais c’est avec l’excellent (et trop court) "Hexon Bogon" que le groupe tutoie définitivement les sommets : nappes de guitares efficaces et saturées sur fond de piano dissonant, la maîtrise est parfaite.
La suite du voyage est plus anecdotique (les moins inspirés "Master Card" ou "Deesh") mais vu le niveau des premiers titres, c’est déjà beaucoup.
Avant l’apothéose. L’enchaînement des sublimes "No Medecine for Regret" (du pur Mogwai, guitares rageuses et batterie métronome) et "The Lord Is Out of Control" (mélancolique et sombre à souhait) est à montrer dans les écoles même s’il nous laisse hagards, le souffle court. Ecoute au casque recommandée (attention tout de même aux plus sensibles car c’est vraiment très beau !).
On attend désormais avec impatience l’été, pour voir le groupe défendre en plein air festivalier ces pépites d’un autre temps. Car c’est vraiment là que leurs titres envoûtants prennent toute leur mesure (je n’oublierai pas cette claque ramassée sous un ciel étoilé malouin (si, si ça peut arriver !), une nuit d’août il y a quelques années).
Certes, on peut toujours reprocher aux Ecossais de ne pas vraiment changer leur formule mais quand c'est aussi bon, ce serait dommage de s’en priver. |