Les éditions Fayard sont heureuses de nous présenter l’une de leur romancière les plus populaires : Janine Boissard. Vous ne la connaissez pas ? Accordez-moi le privilège de réparer cette lacune. Janine est une dame d’un âge qu’il est pus coquet de taire, l’âge où les femmes sont sensées gâter des petits enfants, s’inscrire au club tricotin et trottiner en s’échangeant des potins sur le monde de maintenant. Nombre de ses écrits ressemblent à nos vies, nos doutes, nos lassitudes et nos joies. Elle remet ça avec Belle arrière-grand-mère.
Tout commence dans l’atelier de Janine, pardon, de Babou, une gentille grand-mère à laquelle nous voudrions tous que la nôtre ressemble. Babou s’accorde quelques instants de tranquillité (ce qui n’est pas toujours évident avec un Pacha grognon à ses heures, quatre enfants, des beaux-enfants, des petits enfants et des copines gazouillantes). Son dernier projet ? Peindre les âmes ! Oui, c’est ambitieux, empreint de risques et de broussailleux, mais qu’à cela ne tienne, le défi en est plus grand, et plus passionnant.
C’était sans compter sur l’arrière-petite-fille qui sonne à la porte. Ou plutôt son papa Justino, 18 ans, qui confie son bébé Adella à sa si complaisante Babou (en attendant que les parents d’Haydée, la maman du petit bout et chérie de Justino, lui accordent sa main, histoire de légaliser la situation). C’est fouilli tout ça ? Oh que oui, mais c’est aussi cocasse, drôle, empreint de mauvaise humeur feinte.
Babou prend en main la situation, convoque les copines, rassure les enfants, réconcilie les petits-enfants, rencontre la belle famille. Comme une vraie maman, une authentique grand-mère et une novice arrière-grand-mère, Babou se mêle de tout, fourre son nez partout, ajoute son grain de sel, donne l’avis qu’on ne lui a pas demandé. Et nous devient si attachante. Avec son parlé-d’jeuns et ses écarts de langage, son optimisme coûte que coûte et sa joie de vivre à tout prix.
La plupart des Babou de nos entourages ont une fâcheuse tendance au passéisme du c’était-mieux-avant-les-jeunes-aujourd’hui-ne-respectent-plus-rien-bla-bla-bla (vous connaissez le refrain). Pas Janine Boissard. Mais pourquoi alors ? A mots couverts, une page douloureuse de son enfance est entrouverte pour mettre du sens dans ce regard tourné vers l’horizon. Et la suite parle d’elle-même : le combat de Pacha-grognon-et-buté-à-ses-heures pour sauver Crépin de la maltraitance.
D’un verbe frais et d’un phrasé léger, bourré d’amour, de compassion et de joie de vivre, Belle arrière-grand-mère est un grand bol d’optimisme dans un monde qui ne fera de cadeau à personne. A prendre comme une philosophie de vie : pas la peine de se plaindre du mauvais sort, il y a toujours un moyen de s’en sortir. Parce que "l’homme devrait mettre autant d’ardeur à simplifier sa vie qu’il en met à la compliquer" (Bergzon). |