Comédie dramatique de Alberto Lombardo, mise en scène de Eva Marie Courbon et Marine Martin-Ehlinger, avec Maxime Fabia et Alberto Lombardo.
Un jeune acteur s'introduit la nuit au domicile d'un metteur en scène reconnu. Il rêve d'interpréter le rôle de Phèdre dans la prochaine pièce du Maître.
Au fur et à mesure des répétitions et de leurs conversations sur l'amour, le désir et la passion, le trouble naît entre les deux.
Après avoir joué dans "Racine par la racine", Alberdo Lombardo a décidé de continuer à rendre hommage au dramartuge à travers "Tuer Phèdre", une pièce qui à la fois montrera son amour pour les vers de Racine et pour ce rôle passionné, mais aussi qui montre l'envers du décor et les rapports entre metteurs en scène et comédiens.
Le personnage qu'il imagine et interprète semble s'inspirer en partie de Patrice Chéreau qui disait de lui-même qu'il était "meilleur au théâtre que dans la vie", qui a souvent travaillé avec des acteurs qu'il aimait, comme ami ou avec qui il avait partagé sa vie, et qui vouait une passion au théâtre parce qu'il y trouvait l'assurance lorsqu'il ne s'en sortait pas dans la vie.
L'interprétation du metteur en scène par Alberto Lombardo est empreinte de cette fureur qui installe le personnage dans une forme de tension permanente.
Plus étonnante est l'interprétation de Maxime Fabia, qui a récemment été remarqué dans l'adaptation de "Poil de carotte" de Jules Renard à l'Espace Mathis. Souvent son jeu est empreint d'une légère dose d'exagération, mais est contrebalancé par un naturel confondant, absolument touchant à d'autres moments de la pièce.
La mise en scène d'Eva-Marie Courbon, nerveuse et vive, s'adapte parfaitement au texte et au jeu des deux comédiens.
Par son propos, la pièce d'Alberdo Lombardo rappelle combien d’œuvres boiteuses, incohérentes ou inutiles ont été montées en raison de l'amour d'un metteur en scène pour un acteur ou une actrice; à ce titre "Le parfum d'Yvonne" de Patrice Leconte demeure un cas d'école.
Il rend aussi, bien entendu, hommage à Racine et développe un propos passionnant sur le rapport amoureux. Enfin, il ouvre réflexion à la place de la passion dans le processus créatif. "Tuer Phèdre", par la puissance des mots et l'énergie des acteurs, se révèle donc un tourbillon passionnant pour les spectateurs. |