Spectacle conçu par Bartabas, chorégraphié et interprété par Andrés Marín avec les chevaux Horizonte, Le Tintoret, Soutine, Zurbarán et l'âne Lautrec.
Hors des fabuleux spectacles qu'il crée avec sa troupe du Théâtre Equestre Zingaro dans son lieu dédié au Fort d'Aubervilliers (dont le dernier en date, le sublime "Calacas"), Bartabas développe depuis une dizaine d'années des collaborations avec d'autres artistes d'horizons ou d'univers différents.
On l'a ainsi vu l'an dernier dans "Le Centaure et l'animal" avec le danseur de butô Kô Murobushi.
C'est avec Andrés Marín, l'une des plus célèbres figures du flamenco contemporain qu'il a choisi de s'associer pour ce "Golgota".
En effet, passionné par l'Espagne, le génie de l'art équestre rêvait de mêler les corps et les rythmes de l'homme et de l'animal sur fond de cérémonial religieux pour donner lieu à des scènes inspirées de processions espagnoles ou des tableaux de grands Maîtres, le danseur sévillan apportant son approche corporelle et nerveuse du flamenco.
Ce spectacle est bien à l'image de ses deux protagonistes : dense, sec, fiévreux, sans un gramme de graisse superflue. Et de cette suite de tableaux épurés parvient un sentiment de quiétude et d'émerveillement mêlés. Le danseur investit la piste. Les doigts claquent, les paumes flagellent et les talons tapent le sol dans une ambiance de cahot avec une précision des gestes et des postures fières. A la fois torero et chercheur d'or. Les chevaux ne sont pas en reste. Ils sont quatre (Horizonte, Le Tintoret, Soutine, Zurbaran) et adjoint d'un âne (Lautrec). Un par un, ils viendront se confronter au danseur, réunir leurs univers. Les sons résonnent en écho dans les profondeurs du théâtre dont on ne voit rien tant la lumière est basse.
Christophe Baska, brillant contre-ténor accompagné d'Adrien Mabire (cornet) et Marc Wolff (luth) interprète des chants grégoriens de Tomas de Victoria qui rythmeront tout le spectacle avec grandeur et émotion. L'humour affleure le temps du passage d'un nain espiègle (Pierre Estorges) et l'ensemble reprend inlassablement ses airs. Chaque tableau est magnifique.
Il y a tout le respect pour les peintres (de Goya à Gréco) dans un spectacle très pictural qui imprime la rétine et dans un même élan, l'homme et l'animal respirent et évoluent.
Les chevaux emmenés par Bartabas se confrontent puis s'allient au danseur pour un moment grandiose d'une beauté incandescente où les animaux au sol et le danseur en haut d'une échelle, sabots et pieds s'abandonnent dans la même communion. |