Distant Lover d'Emmanuelle Seigner, c'est un peu "le rock sixties revisité par les indépendants anglais dans les années 80 pour les nuls". Mais les vrais gros nuls, les bons à rien, les cancres près du radiateur, ceux qui ont dormi depuis trois décennies...
Imaginez The Jesus and Mary Chain mixés par Stock Aitken Waterman. "Ever Together" avec ses "ah ah ah" pompés sur "Taste of Cindy", extrait de l'album Psychocandy, en est le meilleur exemple. Et que dire aussi de la reprise du Velvet Underground, "Venus In Furs"? Lorsque Lou Reed, Moe Tucker, John Cale et Sterling Morrison convoquaient Leopold von Sacher-Masoch ("Shiny shiny shiny boots of leather"), Emmanuelle Seigner est condamnée à préparer un cocktail au viagra pour tenter d'atténuer la baisse d'ardeur qui s'empare de l'auditeur. Alors certes, la bougresse a bon goût lorsqu'elle reprend Divine "You think you're a man", mais ça n'excuse nullement le vide abyssal de l'entreprise. Là où Loulou attendait son homme, où Divine mangeait des excréments de chien à la fin de Pink Flamingos, où Jim Reid vomissait, complètement ivre, sur le costume blanc du gérant du Town & Country Club de Londres après avoir chanté trois fois d'affilée "In A Hole", Emmanuelle Seigner organise des thés dansants pour bourgeoises MILF dans sa propriété de Gstaad, avec scones et petit doigt en l'air inclus.
A l'arrivée, alors que le projet se rêvait rock'n'roll et transgressif, Emmanuelle Seigner fait renaître Transvision Vamp de ses cendres, un groupe dont on n'attendait pourtant déjà rien à l'époque. Wendy James, sors de ce corps ! |