Réalisé par Abdellah Taïa. France/Suisse/Maroc. Drame. 1h24 minutes.
(Sortie le 7 mai 2014). Avec Saïd Mrini, Karim Ait m’hand, Amine Ennaji, Frédéric Landenberg et Hamza Slaoui.
Le romancier Abedllah Taïa adapte ici son roman "L'armée du salut" où il raconte quelques épisodes de son enfance marocaine.
Filmé magistralement par Agnès Godard, le récit du jeune homme qui découvre, mais pas seulement, son homosexualité bénéficie de la belle lumière de Casablanca. On y partage le quotidien d'une famille nombreuse ni pauvre ni riche vivant dans une grande maison. Abdellah voue un culte à son frère aîné et craint sa mère, maîtresse femme régentant sa demeure.
Par petites touches, au gré de la banalité des jours, l'auteur-réalisateur reconstitue ce monde où son identité s'est construite entre les premiers émois de sa sexualité et les prémisses de son entrée dans l'univers des livres.
Le ton choisi évite tout minimalisme maniéré, toute emphase et ne cherche jamais à mettre en avant les tensions.
Pudique, réservée, mais déterminée, la narration d'Abdellah Taïa quitte soudain l'enfance et le Maroc. Le titre du film prend alors son sens dans une seconde partie où le jeune homme ne peut plus esquiver et doit affronter les événements de sa vie avec une dureté que l'on ne lui soupçonnait pas pendant son enfance.
Distillant quelques écorchures sans être prisonnier de sentiments amers, "L'armée du salut" d'Abdellah Taïa fait penser parfois aux beaux films que réalisait Gérard Blain. Comme lui, il a un regard aigu sur le monde et sait tirer de ses acteurs leurs évidences hors de tout pathos.
On espère qu'Abdellah Taïa, après ce coup d'essai réussi, continuera à écrire avec une caméra, car il est sans aucun doute autant écrivain que réalisateur. |