Spectacle conçu par et interprété par Caroline Loeb accompagnée par Gerald Elliott et Patrick Laviosa dans une mise en scène de Alex Lutz.
Caroline Loeb, entre autres chanteuse, comédienne et metteuse en scène, a le chic pour se concocter des partitions originales mêlant jeu et chanson inspirées par des femmes souvent qualifiées de "sulfureuses" parce que dotées d'une personnalité affirmée et d'un tempérament transgressif.
Après les reines des starlights évoquées dans "Mistinguett, Madonna et moi", elle puise dans la littérature et s'impose la figure de George Sand, femme passionnée, militante et féministe avant l'heure.
Pour l'évoquer dans le cadre d'une partition monologale émaillée de chansons intitulé "George Sand, ma vie, son oeuvre !", elle en renouvelle le canevas formel en usant de la mise en abime pour proposer un spectacle qui se construit en direct à partir des (mes)aventures qui ont accompagné son élaboration à partir d'une hybridation réussie, pertinente et impertinente entre le biopic pointilliste de cette figure historique et l'autofiction loebienne.
La partition co-écrite notamment avec le comédien et humoriste Alex Lutz, qui en assure la mise en scène, fait la part belle à l'humour, aux réparties qui font mouche et aux chansons originales dans le style de la chanson française rive gauche écrites sur mesure par Caroline Loeb, Thierry Illouz et Pascal Mary et mises en musique par ce dernier, Wladimir Anselme, Michèle Bernard, Gérald Elliott et Fred Parker.
Du chic il en est également question avec Caroline Loeb qui use d'une gouaille distinguée lui permettant de jurer comme un charretier quand ellepousse ses "coups de gueule" sans jamais être vulgaire.
Du chic encore avec l'époustouflante tenue de scène que lui a créé le couturier Jean-Paul Gaultier consistant en un blazer d'homme déstructuré, version revisitée et masculinisée du corset et boléro à manches.
La scène transformée en cabinet de travail intime et cossu se prête à la navigation par fondu-enchaîné entre le présent de Caroline et le temps de George et le spectacle aux vertus didactiques, et bénéficiant d'une scénographie et de lumières toujours impeccables et soigneusement réglées, est totalement maîtrisé.
Accompagnée en direct live au piano par Patrick Laviosa et Gérald Elliott à l'accordéon, discrètement en retrait derrière un rideau noir, Caroline Loeb se glisse sans difficulté dans les pas de l'amoureuse romantique de génies, du "bad boy" Musset au souffreteux Chopin, comme dans ceux de la saphique George ou de la bonne dame de Nohant à l'esprit de famille affirmé.
Le spectacle est totalement réussi en ce qu'il combine efficacement, sous une forme divertissante, théâtre, musique et chanson pour célébrer la littérature, la passion et le féminisme. |