C'est un tryptique très intéressant qui s’est essayé aux oreilles du public du festival Villette Sonique le jeudi 5 juin dernier. Depuis l'électro-punk des anglais de Factory Floor, jusqu'à la musique énergique et sensuelle de Four Tet en passant par le post dub-step de Jon Hopkins, les trois sets ont rivalisé en décibels pour faire trembler la fameuse armature de la Grande Halle.
Et ce ne fut pas avec une simple "mise en bouche" que s'est ouverte la soirée, puisque que les trois énervés de Factory Floor avaient décidé de mettre en place un set tout en tension.
Avec les percussions comme axe principal, le trio a vite imposé un rythme saccadé, oscillant entre lente construction sonique à l'architecture complexement déformée et décharge sonore libératrice. Un cocktail d'explosions rythmiques et jouissives judicieusement placées ont offert un contrepoids bienvenu au chant volontairement sombre et souvent monosyllabique de Nik Colk.
Hopkins a quant à lui voulu percer la voûte céleste avec des sons spacieux et spéciaux. A vrai dire, il s’est envolé très haut évitant le destin d'Icare, préférant les lumières synthétiques au soleil.
Quand derrière lui un gigantesque écran évoquait des images perdues entre sensualité et extrême violence, sa musique, elle, stimulait les plus basses fonctions de son public. Réussissant à le conduire aux confins d'une expérience à mi-chemin entre extase religieuse et violence primaire.
Le jadis mystérieux Four Tet s'est acharné à décortiquer les interactions entre musiques électroniques et technos, exposant avec des mouvements précis de chirurgiens, les influences et les connexions fluctuant entre les deux.
Si sensualité et férocité se sont octroyé les premières places sur les platines du musicien, tout une collection de sentiments et de mouvements passionnés ont cohabité lors de ce set à l'énergie démentielle et plurielle. D'ailleurs, le public ne s'y est pas trompé et comme pris dans une spirale d'inspiration et de ferveur, s'est approché de la scène formant un bloc compact et massif, uniquement animé par les vibrations et les rythmiques lancées par Four Tet.
Nul doute qu'en fin de soirée les tympans se soient retrouvés à fumer comme des chaudières mal entretenues : après tout, ce n’est pas tous les jours qu'ils sont soumis à une utilisation aussi poussée qu'intensive !
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