Comédie écrite et mise en scène par Pierre Notte, avec Juliette Coulon, Brice Hillairet et Silvie Laguna.

Les fenêtres grandes ouvertes sur les marronniers du rond-point des Champs-Elysées dans ce jour traînant de cette fin de printemps laissent respirer la salle avant la bataille.

Soudain déboule Lulu qui s'affaire à fermer tous les montants, branche la rallonge d'un four miniature et se met à faire cuire des croissants. On est soudain transporté dans un mobile-home témoin où Lulu ne tarde pas à être rejoint par un autre personnage, ligoté.

Il ou plutôt elle (car Lulu veut être une femme) a kidnappé une actrice dans un supermarché (Juliette Coulon, volcanique). Mais celle-ci n'est pas forcément la star qu'il (elle) pense qu'elle est. Alors que Lulu projette une demande de rançon, apparaît la tante de Lulu (irrésistible Silvie Laguna) qui se met à faire des crêpes.

Fidèle à ses thèmes favoris, Pierre Notte propose avec "Perdues dans Stockholm" une nouvelle histoire à dormir debout, une aventure rocambolesque dont il a le secret.

Après un début fort prometteur où les scènes s'enchaînent avec virtuosité, la mécanique malheureusement se met un peu à caler sous le flot nourri des revendications confuses des trois protagonistes et peine à se trouver. Il reste une farce douce-amère sur le regard des autres, la place des femmes et de l'argent dans une société consumériste à outrance.

On apprécie le côté déjanté de cette comédie colorée très proche de "La chair des tristes culs" où comme toujours chez l'auteur, les thèmes les plus graves sont traités avec légèreté.

Les chansons et chorégraphies sont des parenthèses joyeuses et dynamiques réussies et l'ingéniosité de la scénographie de Yaël Haber (des boîtes en bois à roulettes qui se déplacent et d'où sortent et où se rangent les accessoires) donne une vivacité à l'ensemble.

On retiendra aussi la prestation émouvante de Brice Hillairet, sensationnel en Lulu. Dommage alors que l'ensemble ne tienne pas la distance et qu'on ait du mal à suivre ces Trois Grâces dans leur aventure car malgré les croissants et les crêpes, on reste un peu sur sa faim...