Après avoir collaboré avec The Low Anthem, Jocie Adams décide de monter son propre groupe et de quitter les ambiances plombées pour des horizons plus tendres. Elle alunit dans une combinaison dorée et invite à monter dans sa navette. Univers burlesque, inventif, la musique de Arc Iris est un vrai bonheur tant elle explore tous les styles avec humour. Accompagnée de musiciens exceptionnels Zach Tenorio au Miller piano, Ray Belli à la batterie, Max Johnson à la bass, Robin Ryczek au violoncelle et Mike Irwin à la trompette, elle perche sa voix écorchée dans les étoiles. Le concert le 14 mai 2014 aux Trois Baudets a laissé un souvenir ravi à ceux qui sont restés jusqu’à la fin de la soirée partagée avec deux autres groupes.
Quelques minutes avant, nous discutions à l’étage avec Jocie Adams à l’occasion de la sortie du premier album Arc Iris, et de sa liberté débridée.
Tu faisais partie du groupe The Low Anthem ? Est-ce que tu as décidé de voler de tes propres ailes ?
Jocie Adams : Oui, je travaillais sur ma musique depuis longtemps et puis le moment est venu de prendre mon autonomie et d’avoir ma liberté artistique.
Tu ne penses pas continuer avec The Low Anthem ?
Jocie Adams : Non, je ne pense pas. Il ne faut jamais dire jamais, mais bon. J’ai créé Arc Iris pour jouer mes propres chansons.
De quels instruments sais-tu jouer car j’ai lu que tu étais multi instrumentiste ?
Jocie Adams : Je sais principalement jouer de la clarinette. Et je me débrouille avec les autres instruments : je peux jouer de la guitare et du piano.
Comment composes-tu tes chansons ?
Jocie Adams : Pour le premier album, j’ai surtout travaillé seule. Pour le prochain album qu’on va préparer cet été, on va davantage travailler ensemble, que ce soit pour la musique ou les textes.
Dans la presse, les journalistes sont toujours impressionnés par le fait que tu aies été une chercheuse pour la NASA.
Jocie Adams : Oui c’est vrai. Cela n’a pas grand-chose à voir avec la musique mais c’est vrai que pour les gens ça paraît extraordinaire, comme si la musique et les sciences étaient incompatibles. Aujourd’hui, je me consacre à la musique à temps complet. Ce ne serait pas possible de continuer les sciences et d’avoir la possibilité de voyager pour jouer.
Ton premier album a des couleurs très variées : cabaret, rock ou folk. Cet éclectisme, peux-tu nous l’expliquer un peu plus ? J’ai pensé aux Dresden Dolls parfois d’ailleurs.
Jocie Adams : Pour moi, il y a une même façon de composer sur tout l’album et puis l’importance de la voix sur chacune des chansons. Je ne dirais pas que l’album est éclectique. Un album, c’est comme un voyage, un parcours du début à la fin. Les chansons sont comme des épisodes. Je m’imagine dans un vaisseau spatial.
Est-ce que ça veut dire aussi que tu as écouté beaucoup de styles musicaux différents ?
Jocie Adams : Oui je pense. Les musiciens du groupe sont extrêmement pointus, ils ont fait des études de musique. Et pour ma part, je suis très influencée par la musique classique. Quant à la composition des morceaux, il n’y a pas de règles. Pour certaines chansons, il a fallu les travailler, les reprendre pendant des mois avant de les terminer. Et d’autres en quelques secondes.
Comment es-tu avec le groupe ? Est-ce que tu leur imposes un point de vue, une direction ?
Jocie Adams : J’ai une idée précise de ce que je veux. Après, c’est toujours excitant pour moi d’écouter les propositions des membres du groupe et de me laisser surprendre. Pour moi, le disque a finalement une grande unité, qui fait voyager comme dans un vaisseau spatial.
Quelles sont tes influences musicales ?
Jocie Adams : C’est toujours compliqué de parler de ses influences. La musique classique principalement. Après nous écoutons Willie Nelson, Randy Newman, Leonard Cohen, Dirty Projectors et… c’est déjà une belle liste.
Tu fais une tournée actuellement en Europe. Comment cela se passe ? Tu étais à Amsterdam hier ?
Jocie Adams : Oui, ça me plait beaucoup. Et je suis très surprise que tout le monde puisse parler anglais. Je trouve ça un peu triste, alors que chaque pays a sa langue et sa culture. C’est dommage de ne pas pouvoir s’exprimer davantage dans la langue du pays et en savoir plus sur sa culture et son histoire. C’est tellement différent des Etats-Unis.
La scène est naturellement le meilleur moment du voyage, c’est toujours un plaisir. Les concerts se passent merveilleusement bien. On rencontre un public vraiment enthousiaste, on joue plutôt dans des petites salles.
Et ma dernière question : qu’est-ce que vous avez dans vos écouteurs pendant ces voyages en bus, en train ou en avion ?
Jocie Adams : Cela tombe mal parce que dans les transports, je préfère rester dans le silence et observer et réfléchir, donc je n’écoute pas de musique. Zach, en revanche, écoute de la musique, aussi souvent qu’il peut… toute la musique. Il est plongé dans la période 1960-1977. |