Seul en scène écrit par Philippe Avron interprété par Flavie Avargues dans une mise en scène de Michel Bruzat.
Pour les habitués du Off d'Avignon, la Théâtre de la Passerelle de Limoges dirigé par Michel Bruzat est une sacrée référence. La compagnie a offert au festival des spectacles parmi les plus beaux de ces dernières décennies. Comment oublier par exemple "Histoire de Marie" de Brassaï, "Le Cabaret de la vie" de Jean-Pierre Siméon, "Une nuit d'amour plus qu'un jour de gloire" sur des textes de Gaston Couté ou bien "L'enseigneur" de Jean-Pierre Dopagne en 2008 .
C'est la même comédienne qui tenait seule la scène dans "L'enseigneur", Flavie Avargues, qui joue aujourd'hui ce texte de Philippe Avron, disparu brutalement alors qu'il jouait au festival 2010 et dont l'âme se promène depuis dans la Cité des papes. Et l'hommage est à la hauteur du génial artiste, perpétuel émerveillé dont ce "Big Bang ou la vie d'un professeur de philosophie" nous interroge sur la vie, la mort, le monde avec une lucidité et un humour salutaires.
Le noir se fait, la comédienne apparaît et la magie opère instantanément dès les premiers mots. D'une prodigieuse intensité, avec une émotion qu'on sent tapie dans l'ombre et des trésors qui n'appartiennent qu'à elle, celle qu'on avait quitté l'an dernier avec "Pour vous être agréable", revient avec un degré de perfection rarement atteint dans un seul en scène.
Ce qu'elle fait avec son corps est proprement hallucinant. Ce qu'elle fait avec sa voix l'est tout autant. Passant du grave à l'aigu, d'un personnage à l'autre avec une folle virtuosité, elle nous propose sans conteste un nouveau chef-d'oeuvre absolu.
D'une légèreté grave comme peuvent être les textes de Philippe Avron, Flavie Avargues virevolte, nous interpelle, nous émeut, nous fait rire aux éclats et danse avec les mots du poète. Elle est des dizaines et des dizaines, elle est des centaines et des milliers. Et se fait, avec une belle fidélité et une grande humilité, passeuse de ce texte d'une grande humanité comme tous ceux choisi par le Théâtre de la Passerelle.
Magnifiquement dirigée par Michel Bruzat qui donne à ce seule en scène une précision et une exigence rare, avec le concours des lumières magiques de Franck Roncière, la comédienne atteint un niveau de perfection rarement connu.
Aérienne, incandescente, avec dans sa voix et dans son oeil toute la générosité du monde, Flavie Avargues marque à tout jamais la légende du festival, brillant au firmament d'Avignon et faisant ainsi magnifiquement honneur au grand Philippe Avron dont les mots et le rire continuent à résonner dans les étoiles... |