Réalisé par Sydney Sibilia. Italie. Comédie. 1h40 (Sortie le 6 août 2014). Avec Edoardo Leo, Valeria Solarino, Valerio Aprea, Paolo Calabresi, Libero De Rienzo, Stefano Fresi, Lorenzo Lavia, Pietro Sermonti et Neri Marcore.
Voilà un film qui fait bien de sortir au mois d'août. Cette pochade "énaurme" n'est en effet pas destinée aux temps austères et hivernaux de l'introspection.
Certes, pour son premier long-métrage, le jeune réalisateur italien Sydney Sibilia inscrit sa comédie déjantée dans un contexte social réel, celui des diplômés qui vivent de petits boulots très très éloignés de leurs qualifications parce que l'État transalpin a abandonné nombre de programmes de recherche fondamentale.
Sauf que loin de se résigner au RMI, ces chercheurs, qui - s'ils pouvaient encore chercher - risqueraient le Prix Nobel, décident de passer du côté obscur de la farce.
Avec leurs capacités hors du commun dans chacun de leur domaine d'incompétence, ils inventent, distribuent et commercialisent la "drogue parfaite"... et "légale", puisque n'entrant dans la nomenclature des drogues. Charge aux économistes et aux logisticiens de la "bande" de réinvestir les profits.
Bras cassés de la dope, Pieds Nickelés du deal, nos héros vont bien entendu se heurter à la concurrence mafieuse et à la répression policière. Et, si leurs existences banales vont connaître un moment euphorique riche en luxe, en stupre et en bimbos, leur vie facile ne le sera pas très longtemps.
"J'arrête quand je veux" constituera d'emblée une surprise pour le spectateur français qui a perdu l'habitude de voir ces films italiens satiriques, plus lourds que légers, conçus uniquement pour divertir.
Depuis les "années Nanni Moretti", on avait périodiquement le droit à des comédies italiennes modérément et mollement "douce-amères" et pas franchement drôles.
Avec Sydney Sibilia, on replonge dans une tradition transalpine qui avait fini par s'anéantir, pour le pire plus que pour le rire, dans les films de Bud Spencer et Terence Hill. Au lieu d'acteurs intériorisés - et sans l'inévitable Pippo Delbono - il a déniché les héritiers directs des comédies vulgaires d'antan.
Il faut donc s'attendre à ce que la brochette de comédiens de Sydney Sibilia en fasse des tonnes et dépasse les limites du mauvais goût.
Comme on ignore qui ils sont, et qu'ils sont d'une grande efficacité, on supposera qu'il y a parmi eux la relève tant attendue des Tognazzi, Manfredi, Sordi, Gassman et Mastroianni.
En tout cas, si l'on a les zygomatiques dans de bonnes dispositions, on ne crachera pas sur ce retour d'un cinéma rigolo du samedi-soir. Loin d'être un chef- d'oeuvre, "J'arrête quand je veux" de Sydney Sibilia pourrait bien devenir un bon petit film culte. |