Réalisé par Zach Braff. Etats Unis. Comédie. 1h47 (Sortie le 16 août 2014). Avec Zach Braff, Josh Gad, Ashley Greene, Kate Hudson, Joey King et Mandy Patinkin.
Ayant joué, pour sa première apparation au cinéma, le fis de Woody Allen dans "Meurtre mystérieux à Manhattan", ayant interprété au théâtre une des dernières pièces du même Allen, et mettant sa judaïté bien au centre de son cinéma, Zach Braff ne peut pas couper au couplet sur sa filiation avec le petit trompettiste à lunettes.
Pourtant, après avoir vu "Garden State", premier film de Zach, et maintenant "Le rôle de ma vie", venu paresseusement dix ans après le premier, la comparaison avec l'auteur d' "Annie Hall" ou de "Broadway Danny Rose" paraît abusive.
D'abord, et c'est une lapalissade, Allen n'appartient pas à la génération de Braff. Si l'on s'attache à leur rapport à la religion, la judaïté de Woody est plus diffuse, voire confuse, et, comme Philip Roth, Allen se sent juif en tout mais pas en religion. Jamais, à l'inverse de Zach Braff, il n'entrerait dans une synagogue pour écouter avec émotion un cœur d'enfants ou pour discuter (sans gag) de Dieu avec un rabbin cool.
Autre différence "sensible" : Zach Braff parle de sa famille et pas seulement de sa relation avec sa mère, dont la mort était d'ailleurs au centre de "Garden State". Zach, lui, aime les enfants, ses enfants. Ses relations avec son père et son frère sont peut-être conflictuelles mais elles sont aussi caractérisées par des notions pas très présentes chez Allen : de la tendresse, de l'affection, de l'amour.
Ce qui navre Zach, c'est de ne pas réussir dans son métier d'acteur, ce qui l'empêche de jouer vraiment son rôle de père. Le voilà donc obligé d'accepter que ses enfants aillent à l'école confessionnelle plutôt qu'à l'école publique (tant que son père peut en payer les frais), le voilà contraint d'entendre sa femme lui raconter le sexisme et le harcèlement moral dont elle est victime au bureau.
Chronique intime, avec des gros morceaux d'auto-fiction, "Le rôle de ma vie" est une tranche de vie, avec ses hauts et ses bas, ses petites lâchetés et ses preuves d'amour. On aimera particulièrement la relation d'Aidan/Zach avec sa femme, jouée avec beaucoup de subtilité par Kate Hudson.
On aimera aussi ses face-à-face avec son père en phase terminale et son frère geek. On aimera également Zach et ses enfants, surtout avec sa fille qui découvrira qu'il y a une adolescence après le bourrage de crâne religieux.
Bref, on aimera à peu près tout de ce film faussement désinvolte, faussement foutraque, dans lequel un enfant attardé apprend enfin à devenir adulte pour l'éternité des quelques années où il va être aux commandes de sa joyeuse et pas banale famille.
"Le rôle de ma vie" de Zach Braff est une comédie qui a l'originalité de ne pas chercher à être originale. Ce qu'elle cherche, c'est le bonheur, et, tiens, ça tombe bien, elle le trouve... |