Réalisé par Kristian Levring. Danemark/Grande Bretagne/Afrique du Sud. Western. 1h32 (Sortie le 27 août 2014). Avec Mads Mikkelsen, Eva Green, Jeffrey Dean Morgan, Eric Cantona, Mikael Persbrandt, Jonathan Pryce, Douglas Henshall et Michael Raymond-James.

Qui a dit que le "Dogme" mène à tout à condition d'en sortir ?

Peut-être bien Kristian Levring, cinéaste danois, qui, avec quatre de ses compatriotes, dont le bien connu Lars Von Trier, a signé le manifeste "Dogma 95".

Car qui pourrait penser que derière la caméra de "The Salvation", on trouve le même homme que celui qui prônait, il y a déjà vingt ans, un cinéma exigeant, respectant des contraintes dogmatiques pour créer un nouveau art cinématographique ?

Encore une fois, se déploie devant les yeux des spectateurs de ce film de pur divertissement, l'un des mystères du temps qui passe, avec ses improbables métamorphoses de loup en agneau, de victimes en bourreaux.

Histoire westernienne classique où la vengeance est un plat qui se mange à chaud, "The Salvation" a l'immense avantage de vouloir s'inscrire dans la tradition du cinéma d'action et de ne jamais pencher vers l'analyse structuraliste.

On discutera pour savoir si le film de Kristian Levring est plus prêt d'un western-spaghetti à la Sergio Corbucci que d'un western américain à la John Sturges. En tout cas : ouf ! Il ne s'agit en aucun cas d'un émule du vieil Eastwood enfatué par sa propre légende et de ses petits copains, comme Tommy Lee Jones dans "Trois Enterrements", qui cherchent à enterrer définitivement un genre moribond avec des "post-westerns", ces pompeux exercices réflexifs qui prétendent "revisiter" un Ouest qui n'a jamais existé  pendant deux ou trois heures garnies de crépuscules interminables.

Levring, lui, fait confiance au bon vieux Colt et le confie à deux frères danois, à charge pour eux de liquider de vrais crapules sans foi ni loi, parmi lesquels il y a même un "outlaw" du ballon rond, Eric Cantona, revendiquant ici une "corsité" qu'on lui ignorait.

On ne s'ennuie pas une seule des 92 minutes de "The Salvation" qui sont pleines de coups de feu et de phrases définitives prononcées avant des morts nettes et sans bavures.

Un détail amusant : les méchants ne comprennent pas comment deux blondinets - dont l'inusable Mads Mikkelsen - peuvent avoir la peau si dure. Ils ignorent, et sans doute bien des spectaeurs d'aujourd'hui, qu'ils ont face à eux des cavaliers danois aguerris au combat parce qu'ils ont participé à la terrible guerre dano-prussienne...

"The Salvation" de Kristian Levring ne révolutionne pas le western et c'est tant mieux. Il n'a pour ambition que de se confondre avec ces westerns anonymes qui ont donné ses lettres de noblesse au genre tout entier. On pariera qu'il y parviendra et que dans vingt ans, on le prendra pour un petit produit typique de l'âge d'or du cinéma de série B.