Vaudeville musical de Jacques Offenbach, mise en scène de Guillaume Nozach, avec Georges Demory, Aurélie Koenig, David Koenig, Alexis Meriaux, Gaelle Pinheiro, Hervé Roibin et les musiciens Jeyran Ghiaee et Maelise Parisot.
Jacques Offenbach est à l'art lyrique ce que son contemporain Eugène Labiche est au vaudeville.
Parallèlement à ses oeuvres majeures tels, entre autres, les opéras-bouffe "La Vie parisienne", "La belle Hélène" et "La Périchole", Offenbach a notamment commis de courtes pièces musicales en un acte qualifiées d'opérettes-bouffe.
La bien nommée Compagnie Elixir Enchanté a jeté son dévolu sur "Monsieur Choufleuri" une farce croquignolesque dont la finalité première est de pur divertissement même si le fameux compositeur se moque du prestige du bel canto et si le livret de Saint Rémy, nom de plume du demi-frère de l'empereur Napoléon, épingle les prétentions des nouveaux riches.
Alors que sa fille Ernestine mélomane tout juste sortie du couvent roucoule déjà avec Chrysodule Babylas, un jeune compositeur méconnu au nom prometteur, Monsieur Choufleuri, bourgeois inculte de première génération en quête de reconnaissance du Tout Paris, veut tenir salon et se pique d'organiser, lui qui n'aime guère la musique, une soirée musicale avec la crème des chanteurs transalpins d'opéra.
Hélas, ces derniers se décommandent et il devra composer avec les moyens "familiaux" pour faire bonne figure devant ses invités comme il devra se résoudre au mariage de sa fille.
A l'instar de la partition musicale délivrée avec allégresse par Jeyran Ghiaee et Maëlise Parisot, respectivement au piano et au violoncelle, la mise en scène de cet opus comique et roboratif assurée par Guillaume Nozach, qui en co-signe l'adaptation avec Vinh Giang Vovan, repose sur la vivacité d'interprétation et l'humour bon enfant.
La partition est délivrée par une troupe émérite de joyeux lurons aguerrie à la scène et aux disciplines du théâtre, du chant lyrique et de la comédie musicale. Tout est donc vivement et rondement mené avec des costumes bricolés à l'envi et un décor-armoire bien boutiqué.
Aux côtés des multi-rôles Aurélie Koenig et Hervé Roibin chargés notamment de ceux des invités, David Koenig mouille sa chemise dans le rôle-titre tant pour contrecarrer les manoeuvres de sa fille, la délicieuse et excellente Gaëlle Pinheiro, les désirs du prétendant interprété par Georges Demory et les gaffes de son domestique plus belge que belge jovialement caricaturé par Alexis Meriaux,
Rafraîchissant et addictif avec ses airs enjoués que sont, entre autres, les couplets de la complainte d'Ernestine, le boléro coquin célébrant les vertus de la bizarre guitare de Pedro qui trouble les filles et le trio des faux italiens, ce spectacle dispensée par des comédiens-chanteurs qui prennent plaisir à être sur scène, un plaisir contagieux, est une belle réussite "en-chantée" qui ne ravira pas que les amateurs du genre.