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Théâtre Laboratoire Elizabeth Czerczuk  (Paris)  septembre 2014

Comédie dramatique écrite et mise en scène par Elizabeth Czerczuk d'après l'oeuvre de Stanislaw Ignacy Witkiewicz, avec Elizabeth Czerczuk Véronique Rousset, Zbigniew Rola, Zbigniew Rola, Yann Lemo, Marina Glorian et Ewa Barton.

Elizabeth Czerczuk propose avec "Matka ou la mère maquerelle" un spectacle exceptionnel, hors norme, atypique, singulier et unique en ce qu'il procède à la concrétisation de la théorie de la Forme pure élaborée par le dramaturge, philosophe, peintre et romancier polonais, Stanislaw Ignacy Witkiewicz.

Affilié au Formisme, moins connu que son compatriote et homologue contemporain Witold Gombrowicz, un autre des trois mousquetaires de l'avant-garde polonaise avec Bruno Schultz, Stanislaw Ignacy Witkiewicz a élaboré la théorie d'un théâtre nouveau qui serait un théâtre métaphysique, montrer l'invisible, le sur-réel, conçu comme le véhicule pour tenter de percevoir le mystère de l’existence, intégrant le principe du dualisme intérieur/extérieur qui s'applique à toute oeuvre d'art.

A savoir un théâtre nourri de l'émotion de l'âme de l'artiste, le jeu de l'acteur doit être "le produit naturel de son monde intérieur", capable de générer une émotion analogue dans celle du spectateur, un théâtre d'incarnation qui cependant se situe aux antipodes du théâtre stanislavskien et qui s'exprime de manière totale en intégrant à parts égales tous les éléments du spectacle, du texte à la dramaturgie du corps en passant par le décor, la danse et la musique selon le principe de l'unité dans la multiplicité.

Cette théorie esthétique complexe et non intuitive en rupture totale avec les codes "usuels" du théâtre, qui n'est pas sans accointance avec le dadaisme et le surréalisme et surtout le théâtre grec antique par sa quête d'approche du sacré et du mystère, implique le rejet du réalisme et des conventions de la représentation, l'absence de linéarité narrative à laquelle est substituée une succession d'événements susceptibles de révéler la psychologie et le comportement du personnage tout en primant ces derniers et, bien évidemment, la suppression de toute intrigue.

Cela étant, Witkiewicz n'a pas laissé d'indication sur la traduction "concrète" de ce théâtre anti-naturaliste, anti-illusionniste et anti-psychologique

Tous ces éléments doivent être présents à l'esprit pour aborder et apprécier le travail d'exploration et de transposition scénique auxquels se consacre Elizabeth Czerczuk et qui se traduisent par la conception de spectacles qu'elle qualifie de "pièces chorégraphiées" dans lesquelles la gestuelle est aussi importante que le verbe et dont elle signe la mise en scène, la scénographie et la chorégraphie.

Des spectacles qui implique un état de "lâcher prise absolu" tant au regard de la vie réelle que du sens et du rôle du théâtre pour s'immerger dans un univers très soigneusement élaboré malgré l'impression kaléidoscopique première qui peut s'en dégager.

"Matka" déploie un univers d'une inquiétante étrangeté, pouvant être qualifié d'onirique ou de fantasmatique à défaut d'un adjectif plus approprié, peut-être une quatrième dimension, qui est soutenu par les lumières crépusculaires de Sharron Printz et la partition musicale lancinante composée par Matthieu Vonin, qui, à l'exception de brefs intermèdes évoquant la musique farcesque de cabaret berlinois, l'immerge dans l'ésotérisme.

Dans cet entre-deux mondes peuplés de créatures féminines invasives (Véronique Rousset, Ewa Barton et Federica Romano), se joue une tragédie immémoriale, celle du couple premier et impossible, celui de la mère et du fils, une mère douloureuse et monstrueuse telle une veuve noire qui évoque "L'Araignée qui pleure," du peintre Odilon Redon, qui se consume d'avoir donné le jour à un enfant qui ne répond pas à ses espérances, et un fils parasite et amoral ravagé par un oedipien amour indéfectible car sans résilience.

S'enchâssent différents espaces-temps dilatés qui éclairent cette relation délétère ancrée dans une société déliquescente, caractérisée par l'inassouvissement, la décadence de l'art et la mort de Dieu, qui n'a pu engendrer "l'homme nouveau" qui est dispensée dans un registre syncrétique qui, toutefois, fait la part belle au grotesque.

Yann Lemo et Zbigniew-Yann Rola incarnent respectivement le fils adolescent facétieux et rebelle et le fils adulte angoissé.

Dans le rôle-titre, et aux trois âges de la vie, Elizabeth Czerczuk, au jeu à la fois ténu, comme fantomatique, et puissant par sa démesure, est magistrale et elle propose un spectacle qui, certes, peut déconcerter et dérouter mais s'avère convaincante car impressions esthétiques et sensations de transcendance sont au rendez-vous.

 

MM         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

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"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
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"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
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