Spectacle conçu par Frédérick Gravel et Étienne Lepage, interprété par Frédéric Lavallée, Daniel Parent, Marilyn Perreault et Anne Thériault.
Le chorégraphe québécois Frédérick Gravel présentait coup sur coup deux spectacles au Théâtre de la Bastille.
Les deux liens principaux qui unissent "Usually Beauty Fails", présenté la semaine précédente, et "Ainsi parlait..." sont la forme courte de saynètes qui se succèdent et la place de la parole.
Dans "Ainsi parlait...", dont le texte est écrit par Etienne Lepage, il est question du quotidien dans ce qu'il a de plus banal, mais aussi de médiocre. On y traite des gestes répétés au travail, de l'absence de sens au quotidien, du manque d'estime ou de l'absence de culture générale. Pendant ces monologues, interprétés tour à tour par les quatre danseurs, Frédéric Lavallée, Daniel Parent, Marilyn Perreault et Anne Thériault, les mouvements se font maladroits, les corps lourds, les gestes inesthétiques. Puis le micro est lâché, ainsi que les corps. Au poids du quotidien Frederick Gravel répond par l'exploration de l'espace et le geste, c'est-à-dire par une réappropriation du corps. Comme le texte d'Étienne Lepage, dans lequel les mots hésitent, où l'effet comique apparaît comme involontaire, où l'humour point derrière le propos désabusé, les corps dirigés par Frédérick Gravel ne cherchent pas la performance. Frédérick Gravel est d'ailleurs crédité pour le "mouvement" et non pour la chorégraphie. Cette pièce est une pièce ancrée dans le quotidien, tant pour les lumières, signées encore Gravel, que pour l'environnement sonore imaginé par Stéphane Boucher ou les costumes d'Elen Ewing. Mais c'est avant tout une pièce qui permet de s'arracher du quotidien dans ce qu'il a de pesant, de collant, de gluant, par les gestes par la réappropriation du vertical et l'appel à libérer notre propre corps. "Ainsi parlait..." est un spectacle sans poudre aux yeux ni paillettes, mais dont on ressort tout ragaillardi. |