Comédie de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, mise en scène par Sébastien Azzopardi, avec Benoit Cauden, Alyzée Costes, Alexandre Guilbaud, Nicolas Martinez, Laurent Maurel, Olivier Ruidavet et Salomé Talaboulma.
Après son mythique voyage mythologique, Ulysse, à peine rentré au bercail pour "vivre entre ses parents le reste de son âge", est de nouveau missionné par le Sphinx pour retrouver le voleur de la quenouille sacrée qui dévide le fil du destin.
Un voleur singulier puisqu'il s'agit du vénal Pantalon, le personnage de la commedia dell'arte, qui va l'entraîner dans une nouvelle odyssée, mais une odyssée théâtrale à travers les différents registres théâtraux en forme de machine à explorer le futur et à l'allure de frénétique course-poursuite
L'argument farfelu de "Coup de théâtre(s)" constitue une une déclinaison du jeu du furet dans lequel la quenouille sert de fil rouge et de prétexte à un divertissement jubilatoire qui revisite l'Histoire du Théâtre de manière parodique avec un télescopage des espaces-temps propice aux anachronismes et aux délires potaches, est concoctée par un duo de plumes qui a pris un abonnement avec le succès public.
En effet, Sébastien Azzopardi et Sacha Danino ont déjà commis l'inoxydable "Tour du Monde en 80 jours", toujours à l'affiche depuis 2006, "Mission Florimont" et l'adaptation française de "Dernier coup de ciseaux", Molière 2014 de la meilleur comédie, qui a largement entamé sa troisième année de programmation.
De la tragédie grecque à la comédie musicale, en passant par Goldoni, Shakespeare Molière, Tchekhov, Feydeau, Rostand et Beckett, et revisitant les grands rôles du répertoire au gré de télescopages spatio-temporels tels Cyrano et Roxane transplantés dans "La cerisaie" ou d'hybridation déjantée comme l'inoculation du verbe ionescien de "La cantatrice chauve" dans le Godot beckettien, la partition est aussi délirante qu'impertinente.
Pour mener à bien cette entreprise au loufoque débridé et au sur-jeu imparable, la mise en scène survoltée de Sébastien Azzopardi repose sur un rythme effréné qui n'est jamais altéré même par les changements de décor - des décors astucieux inspirés de ceux du théâtre de tréteaux conçus par Juliette Azzopardi - qui s'effectuent de manière rapidissime.
Animée par un bel esprit de troupe partageant la même communauté d'humour que les auteurs, la distribution, dont nombre a déjà officié dans leurs précédents opus, est au taquet et se prend au jeu sans crainte de partir en vrille.
Accompagné par un étourdissant Arlequin campé par Nicolas Martinez, Alexandre Guilbaud est épatant en Ulysse héros un peu bas du front à la manière de ceux de Gotlbib.
Les autres comédiens, multi-rôles pour assurer ce panorama décalé du théâtre passé à la moulinette du rire, assurent une prestation émérite. La gent masculine - Olivier Ruidavet en Roméo de fantaisie, Benoit Cauden en Hamlet bien malade et Laurent Maurel en Cyrano - est étourdissante.
De même pour Alyzée Costes, physique de jeune première avec son teint de porcelaine, ses cheveux blonds et prunelles bleues, et Salomé Talaboulma, la pulpeuse brune aux yeux verts à la belle voix de mezzo-soprano, époustouflantes, entre autres, dans le rôle des précieuses ridicules confrontées à un délirant exercice de conjugaison.
Alors ne boudez pas votre plaisir. |