Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Les particules élémentaires
Ateliers Berthier  (Paris)  octobre 2014

Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Michel Houellebecq, mise en scène de Julien Gosselin, avec Guillaume Bachelé, Marine De Missolz, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Alexandre Lecroc, Caroline Mounier, Victoria Quesnel et Tiphaine Raffier.

Comme jadis Gainsbourg, Michel Houellebecq, avec son look ethilico-clochard, est devenu le "rebelle" officiel, celui dont la parole sentencieuse, pour continuer dans l'oxymore, est attendue dans son évidence poétique comme parole d'évangile moderne.

Dans son adaptation théâtrale du roman le plus célèbre de Houellebecq, "Les particules élémentaires", Julien Gosselin participe sans doute en toute conscience à l'édification en mythe éphémère d'un écrivain que son premier éditeur, le grand Maurice Nadeau, regretta d'avoir édité.

Car le travail soigné de Julien Gosselin, n'en déplaise aux laudateurs du Goncourt 2010, montrera à ceux qui voudront bien le voir que Houellebecq n'est, à l'instar d'Arnaud Desplechin pour le cinéma - à qui Gosselin opportunément fait référence en créant un personnage s'appelant le docteur Philippe Desplechin - , qu'un petit maître maniéré de la post-modernité.

A l'heure où tant de metteurs en scène mettent en pièces des classiques pour en faire des relectures au énième degré, on s'étonnerait presque que Julien Gosselin ait autant de respect pour un texte aussi dense et répétitif.

Alors qu'on élague facilement Molière ou Shakespeare, Gosselin respecte à la lettre Houellebecq. Littérature de constat, alignant les biographies plus que les intrigues, "Les particules élémentaires" implique une adaptation où chaque personnage se raconte plus qu'il n'interagit avec les autres.

Cela donne une première partie où, souvent micro en main, chacun se décrit. Vies précaires, sexualités misérables entre minitel rose et partouzes, vacances mécaniques dans des clubs paraboles du libéralisme triomphant, Gosselin reconstitue habilement les saynètes houellebecquiennes sur fond de rock'n'roll "cold wave".

Comme souvent aujourd'hui, l'arrière scène est un écran sur lequel s'écrivent en grosses lettres les chapitres du livre et s'enchaînent les "pensées" de l'écrivain. Ses thuriféraires aimeront ses évidences à la "Godard", ses lapalissades sur l'ère moderne et les trouveront aussi profondes que les discours de ses personnages bourrés de "pipes" et de "chattes". Les autres constateront que la phrase houellebecquienne n'est pas très légère et que son propos tient du café du commerce philosophique.

Reste que Julien Gosselin, qui s'amuse à se déguiser en Houellebecq avec une certaine ressemblance - si l'on fait fi de sa grande taille et de sa bonne santé qui le différencie du petit corps débile de son modèle -, atteint son but et sert parfaitement Houellebecq.

C'est peut-être ce qu'on pourrait lui reprocher dans la second partie du spectacle, où après la description de la vie de Michel Djerzinski et de ses proches, Gosselin, suivant toujours sans recul le roman de Houellebecq, s'attache aux découvertes de son personnage qui va créer une "post-humanité".

Admirateur d'Aldous Huxley et du "Meilleur des mondes", mais ayant l'imagination d'un tâcheron de la SF, Houellebecq n’impressionne pas par sa vision banale et naïve du futur post-humain. Gosselin, qui demeure toujours en deçà des thèmes habituellement, en ne montrant que quelques poitrines féminines dénudées et jamais de sexes masculins, aura ici l'exquise idée gentillette de terminer sur une jeunesse dont l'avenir est en sous-vêtements Petit Bateau blancs.

Encore une fois, "Les particules élémentaires" provoqueront un clivage entre ceux qui trouveront que le message houellebecquien ne vaut ni quatre cents pages ni quatre heures de scène et ceux qui aimeront, au contraire, cette paraphrase convaincante d'une société désespérante, qu'ils voient, à l'image de Houellebecq, complètement désincarnée socialement.

Si cette polémique était le résultat que Julien Gosselin, entouré d'excellents comédiens, voulait atteindre, il l'a parfaitement atteint. S'il voulait convaincre que Houellebecq était autre chose qu'un phénomène médiatique qui sera balayé par des moins éthilyques que lui, il lui faudra adapter les autres gros livres de ce fumeur invétéré.

Question fumée, Gosselin ne lésine d'ailleurs pas et le spectateur devra parfois se boucher le nez et fermer les yeux. En espérant qu'il n'y ait pas là un message subliminal primaire signifiant que pour Gosselin aussi, Houellebecq n'est qu'un enfumeur...

 

Philippe Person         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco

• Edition du 2024-07-28 :
Le monde, point à la ligne - Théâtre des Barriques
La cabane de l'architecte - Théâtre du Collège de La Salle
Hamlet take away - Théâtre de l'Atelier Florentin
Toutes les choses géniales - Théâtre La Condition des Soies

• Edition du 2024-07-21 :
Entrée des artistes - Théâtre des Halles
Comme on brûle encore - Théâtre du Cabestan
Agathe Royale - Théâtre des Gémeaux
Venise, récit chanté d'un corps - Le 11
Momentos - Théâtre du Girasole
J'aimerais arrêtée - Théâtre La Luna / Quartier Luna
Les enfants du diable - Théâtre L'Oriflamme
L'arbre de Mia - Le Grenier à Sel
Au creux de mon silence - Théâtre 3S
Inavouable - Théâtre La Manufacture
Des chèvres en Corrèze - Théâtre Episcène
Vive - Théâtre du Train Bleu

• Edition du 2024-07-14 :
L'art de ne pas dire - Théâtre La Factory, salle Tomasi
Brisby (Blasphème !) - Théâtre du Train Bleu
Métanoïa, le présage du papillon - Théâtre La Factory, Chappelle des Antonins
Constellation Bobin Leprest - Théâtre Le Verbe Fou
Femme non-rééducable - Théâtre du Balcon
Normal - La Scala Provence
 

• Archives :
Le poids des fourmis - Théâtre La Manufacture
Les enchanteurs - Théâtre des Gémeaux
Cyborg Experiment #1 - La Factory, Salle Tomasi
Cet amour qui manque à tout amour - Théâtre Chapeau Rouge
Rêveries - Présence Pasteur, salle Jacques Fornier
Festival Off 2024 - Avignon   
Anne-Christine et Philippe - Tiers-Lieu La Respelid'/ Carmel
Classement sans suite - Théâtre La Luna
Blanc de blanc - Théâtre Transversal
160 000 enfants - Théâtre des Lilas
King Kong Théorie - Théâtre Silvia Montfort
La Mécanique du coeur - Théâtre Le Funambule Montmartre
Hepta, le grand voyage du Petit Homme - Théâtre Essaïon
Du domaine des murmures - Théâtre Le Lucernaire
Pourquoi Camille ? - Théâtre de La Flèche
Molly ou l'Odyssée d'une Femme - Théâtre Essaïon
Les Vagues - Théâtre de La Tempête
Dictionnaire amoureux de l'inutile - Théâtre de la Scala
Un faux pas dans la vie d'Emma Picard - Théâtre Essaïon
La contrainte - Théâtre La Verrière
Les possédés d'Illfurth - Théâtre du Rond Point
Les Tournesols - Funambule Montmartre
L'Affaire Rosalind Franklin - Théâtre La Reine Blanche
Le jeu des ombres - Théâtre des Bouffes du Nord
La loi du marcheur - Théâtre de la Bastille
Chère insaisissable - Théâtre Le Lucernaire
Un mari idéal - Théâtre Clavel
Capharnaüm, poème théâtral - Théâtre de la Cité Internationale
Mon pote - Théâtre la Manufacture des Abbesses
Majola - Théâtre Essaïon
- les derniers (3)
- les derniers albums (6)
- les derniers articles (4)
- les derniers concerts (9)
- les derniers edito (1)
- les derniers expos (2)
- les derniers films (3)
- les derniers interview (1)
- les derniers interviews (264)
- les derniers livres (4)
- les derniers spectacles (7946)
           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=