Cela fait bien longtemps que j'écoute la musique de Laetitia Sadier. Depuis les premières notes de Super-Electric entendues dans l'émission de Bernard Lenoir en 1991, puis les disques Switched On et Peng! qui furent marquants pour moi qui n'avais jamais écouté ce genre de musique avant, de près ou de loin. S'en est évidemment suivie toute la discographie de Stereolab et leurs expérimentations issues de la collaboration de celle qui se faisait appeler Seaya Sadier et son compère, roi des bidouilles en studio, Tim Gane.
Mais tout cela, c'était avant que le groupe ne se mette en veille. Tim Gane continuant alors de plus en plus son travail de studio sous diverses entités ou au service d'autres groupes tandis que Laetitia Sadier se lançait dans une carrière solo qui commença par ne pas dire son nom, cachée sous celui de Monade. Mais qu'importe au final car de Stereolab à Sadier, il n'y a qu'un pas et sa discographie est faite d'évolutions, de changements mais certainement pas de ruptures.
On retrouvera donc logiquement ce qui fait que l'on aime Laetitia Sadier. Ce chant quasi incantatoire, des textes à faire pâlir Mélenchon d'envie, une lecture de Guy Debord. Et puis cette musique, atypique, perchée quelque part entre le easy listening classe, la musique de film et ce que certains nomment de façon érudite le krautrock mais que j'appelle, en profane que je suis, du rock hypnotique (un album de Stereolab s'intitulait Dots and Loops, cela décrit assez bien l'idée).
D'aucun pourrait taxer cette musique de snob ou d'intellectuelle. Que nenni ! Sous ses airs un peu précieux et pas toujours facile d'abord, elle cache mille trésors, des lignes mélodiques imparables et des arrangements aux petits oignons (notamment signés pour partie par un membre des Hiddentracks que nous appellerons ici Jean-Christophe Chante).
Un disque lumineux, intelligent et touchant sur lequel Sadier montre qu'elle a encore plus d'une corde à sa guitare (pas vraiment) inversée. Alors plutôt que de mourir d'ennui, mourrez de joie en écoutant le bien nommé Something Shines, car il y a toujours une lumière qui ne s'éteint jamais et elle brille belle et bien sur cet album.
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